Soucieuse des conséquences qu'auront pour les établissements qu'elle représente les perspectives de la démographie médicale, l'Union hospitalière de la région parisienne (UHRIF, qui rassemble tous les hôpitaux hormis ceux de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris - AP-HP), a fait son propre état des lieux et formulé des propositions dans un document intitulé « Démographie médicale, ressources disponibles et offre de soins en Ile-de-France ».
Les médecins franciliens, leur nombre et leur répartition, ont des caractéristiques propres. En région parisienne, les spécialistes, majoritaires, sont sur-représentés par rapport au reste de la France. La féminisation du corps médical est plus forte qu'ailleurs (41 % contre 34 % pour la France entière) et le vieillissement des médecins est plus marqué (en 2010, 54 % d'entre eux auront plus de 50 ans). La proportion de praticiens exerçant en secteur II est plus élevée (60 % des spécialistes contre 38 % au niveau national), ce qui, pour l'UHRIF, « renforce l'importance du rôle de l'hôpital public dans l'accès aux soins ». Enfin, la densité médicale (383 médecins pour 100 000 habitants) est bien plus élevée qu'à l'échelle du pays (301) - il faut noter que cette surdensité est presque entièrement imputable aux départements de Paris et des Hauts-de-Seine et que la Seine-Saint-Denis et la grande couronne ont des densités médicales inférieures aux moyennes nationales.
L'UHRIF rappelle qu'on estimait il y a quelques années, avant que le numerus clausus soit augmenté, ce qui redresse légèrement la situation, que la population médicale francilienne allait rester stable jusqu'en 2010 et rapidement décroître pour les spécialistes hors biologie médicale par la suite (la baisse atteindrait d'ici à 2020 environ 50 % pour la gynécologie-obstétrique, 40 % pour la psychiatrie, 34 % pour les spécialités chirurgicales ; elle serait nulle en revanche pour les généralistes). Ce tableau n'est plus valable, d'après l'Union, des « facteurs d'aggravation » étant apparus depuis quatre ans : la mise en œuvre de la réduction du temps de travail (RTT, « qui représente une perte de temps médical évaluable de 10 à 30 % selon les secteurs »), le désengagement « plus marqué qu'en province » des praticiens libéraux des dispositifs de garde, la limitation du recours aux médecins à diplôme étranger, la mise en œuvre de nouvelles dispositions réglementaires et notamment le décret relatif à la réanimation.
Quels que soient les secteurs, « la disponibilité du temps médical aura des effets restructurants considérables », prédit l'UHRIF. Et si les perspectives démographiques sont préoccupantes pour l'organisation des soins dans plusieurs activités - la cardiologie ou les urgences sont citées -, elles deviennent très alarmantes pour la gynécologie-obstétrique. « Il s'agit sans doute de la situation la plus difficile pour les établissements, car la prise en charge de la mère et de l'enfant sera affectée non seulement par la pénurie des gynécologues-obstétriciens, mais aussi par celle des anesthésistes et des pédiatres, dont l'effectif régional devrait chuter de 1 800 à 1 100 (en vingt ans) . Cela va affecter en premier lieu les hôpitaux de la périphérie francilienne, où la densité médicale est la plus faible : 5,4 gynécologues-obstétriciens hospitaliers pour 100 000 habitants contre 13 à Paris », commente l'Union. Ne voyant d'autre issue que la concentration des naissances dans des structures de plus en plus grosse ( « les maternités d'au moins 3 000 accouchements (vont se) multiplier », pronostique l'UHRIF, les hôpitaux franciliens souhaitent que cette tendance soit tempérée par « l'approfondissement de la logique de réseau ».
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