Quatre ans après son lancement en novembre 2011, où en est le plan hôpital numérique, cet ambitieux programme dont le but est de moderniser les systèmes d’information hospitaliers ? À deux ans de son échéance (2017), les promesses et les objectifs fixés ont-ils été tenus ? Plus encore, l’hôpital a-t-il saisi le virage du numérique afin d’affronter la révolution digitale en marche ? Si pour certains le milieu hospitalier français est sur la bonne voie, pour d’autres le bilan de la situation est franchement mitigé. Pis encore, pour eux, il y a lieu de s’alarmer du retard pris par le système hospitalier français en matière de numérique.
Miroir aux alouettes ?
Au premier abord, le tableau dressé peut apparaître idyllique : selon l’Atlas 2015 des systèmes d’information hospitaliers (SIH) de la Direction générale de l’offre de soins (DGOS), 847 établissements publics et privés répondant sont conformes aux prérequis (confidentialité des systèmes, fiabilité et dynamisme), contre seulement 322 en 2014. « Le programme hôpital numérique a permis d’accélérer l’intégration des établissements de santé dans la révolution numérique en leur permettant de renforcer les bases et de s’engager dans l’usage du numérique », confirme Lamine Gharbi, président de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP). Pour autant, dans les faits, seuls quatre établissements sur 2 700 ont atteint l’ensemble des indicateurs du programme : « L’informatisation de l’hôpital accuse un retard évident en comparaison avec d’autres secteurs comme la banque ou l’industrie », admet le chef de file de la FHP.
Formés au logiciel, mais pas à son rôle
Toutefois, cette perception s’atténue lorsque l’on compare les différents pays. Selon l’association HIMSS1 Europe, la France est en effet l’un des leaders de la e-santé avec neuf établissements ayant atteint le niveau 6 (sur un total de 7) de sa classification. Évoquer un retard de la France en matière de numérique serait donc, pour Lamine Gharbi, infondé voire insensé : « Parler de retard ou d’avance dans le domaine de l’informatisation n’est pas toujours pertinent compte tenu de la vitesse d’évolution des technologies et des usages. Nous sommes tout juste au début de l’histoire de l’informatisation que nous devrons écrire collectivement. » Et de conclure : « S’il est vain de parler de retard, il s’agit plutôt du devoir de chaque acteur du système de santé de mettre en place les conditions favorables à l’usage du numérique. »
Des conditions qui, pour l’heure, ne sont visiblement pas remplies, comme le regrette cet infirmier référent pour le logiciel de prescriptions connectées et de laboratoire en CHU : « D’un point de vue purement technique, beaucoup d’efforts ont été réalisés. Mais il y a d’énormes progrès à accomplir socialement parlant : en effet, en termes d’appropriation du numérique, les personnels soignants et médicaux, qui pourtant adhèrent au numérique dans leur majorité, ne sont pas aidés par l’institution. Ils sont formés à l’utilisation d’un logiciel mais pas à l’importance ni au rôle que celui-ci revêt ! Il y a encore beaucoup de cloisons à faire sauter pour que l’information numérique circule avec fluidité à l’hôpital. »
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