Rwanda

Les hôpitaux français, dernier refuge des génocidaires ?

Publié le 19/12/2009
Article réservé aux abonnés

L’affaire a défrayé la chronique. Un médecin rwandais, Eugène Rwamucyo, recherché pour crime contre l’Humanité par Interpol, au motif qu’il aurait participé au génocide rwandais de 1994, exerçait tranquillement son art à l’hôpital de Maubeuge depuis 2008. Démasqué par une infirmière en novembre dernier, il a depuis été suspendu. L’affaire aurait pu s’arrêter là. Sauf que la médiatisation de ce cas en a révélé bien d’autres. Point commun : les génocidaires débusqués travaillaient tous dans des hôpitaux français. Il en va ainsi de Charles Twagirwa, contre qui une plainte a été déposée pour « crime de génocide, complicité de génocide, et complicité de crime contre l’humanité » le 30 novembre dernier. Médecin au service des urgences du centre hospitalier universitaire de Rouen, cet exilé rwandais fut le directeur de la région sanitaire de Kibuye, région où des dizaines de milliers de personnes furent massacrées en 1994, y compris au sein de l’hôpital. C’est un de ses confrères allemands, le docteur Wolfgang Blam, avec qui il exerçait jusqu’en 1994 à l’hôpital de Kibuye, qui l’a dénoncé. Le Dr Charles Twagirwa, après avoir fui le Rwanda en 1994, était exilé en France depuis 2006. À Rouen, il fréquentait notamment l’Association pour la promotion de la culture rwandaise (APCR), dont était membre, entre autres, le docteur Eugène Rwamucyo, de Maubeuge… Lequel docteur Rwamucyo connaissait également un autre confrère suspecté de génocide, Sosthène Munyemana, lui aussi fiché par Interpol pour participation au génocide rwandais, et médecin au service des urgences de l’hôpital de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), depuis huit ans ! La Cour nationale du droit d’asile a rejeté sa demande d’asile en 2008, estimant « qu’il existe des raisons sérieuses de penser qu’il s’est notamment rendu coupable […] d’un crime contre l’Humanité ». Une demande de mise en examen par le parquet de Paris datant de 2007 est pour le moment resté sans suite. Et une plainte a été déposée contre lui en 1995 par « un collectif girondin contre le Rwanda ». Sosthène Munyemana se défend de toute participation au génocide, accusant le pouvoir rwandais de mener contre lui une campagne de diffamation. La direction de l’hôpital a apporté son soutien au médecin. Harcelé ou coupable ?

Source : Sud-Ouest, rue89.com, Le Monde.

Source : Décision Santé: 260