De nombreuses études ont mis en évidence une association entre une fonction respiratoire diminuée (évaluée par le VEMS ou le débit de pointe) et facteurs de risque, morbidité et mortalité cardio-vasculaires, sans que le mécanisme sous-jacent n'ait été éclairci. Par ailleurs, il existe un lien étroit entre la pathologie des voies aériennes inférieures et celle des voies aériennes supérieures. Il était donc tentant de franchir le pas en se posant la question d'une association entre affections des voies aériennes supérieures et altérations cardio-vasculaires. C'est ce qu'ont fait Sabine Kony et l'équipe d'épidémiologie de l'INSERM U408 qui ont tenté d'évaluer la relation pouvant exister entre, d'une part, la rhinite et, d'autre part, la pression artérielle et l'hypertension, d'autant que l'impression clinique semblait en faveur d'un lien. Ce travail a pu être effectué sur un échantillon de personnes issu de la population générale, à Paris, dans le cadre de la vaste étude longitudinale européenne sur la santé respiratoire (European Community Respiratory Health Survey [ECRHS]) (. Chez ces 330 adultes âgés de 28 à 56 ans, le recueil de données par questionnaire et la prise de la pression artérielle ont permis d'exploiter 316 dossiers (146 hommes et 170 femmes, d'âge moyen 45 ans). La question posée pour dépister la rhinite était : « Avez-vous des allergies nasales y compris un rhume des foins ? » Il est ainsi apparu que la pression artérielle systolique était supérieure chez les hommes souffrant de rhinite par rapport à ceux qui en étaient indemnes ( 130,6 ± 12,7 mmHg versus 123,5 ± 13,9 mmHg ; p = 0,002 ), cette différence persistant après ajustement sur les facteurs de confusion potentiels (âge, Body Mass Index, hypercholestérolémie, statut tabagique) (respectivement 129,9 ± 13,2 mmHg versus 123,6 ± 13,3 mmHg ; p = 0,006 ). De même, l'hypertension était plus fréquente chez les hommes ayant une rhinite (35,7 %) comparativement à ceux qui n'en avaient pas (15,6 %, p = 0,005), même après ajustement multivarié (odds ratio = 2,6 ; IC = 1,14-5,91).
Une relation dose-effet
En revanche, il n'y avait pas de différence concernant la pression diastolique (respectivement 81,4 mmHg et 80,1 mmHg chez les hommes avec ou sans rhinite), et cette association n'a pas non plus été trouvée chez les femmes. Enfin, une analyse supplémentaire de la pression artérielle systolique et de l'hypertension en fonction de la durée des symptômes de rhinite (perannuels ou saisonniers) était en faveur d'une relation dose-effet. Ces données demandent à être confirmées. S. Kony et ses collaborateurs ont à cet égard l'intention d'effectuer une seconde étude, sur une autre population de patients. Si le mécanisme à l'uvre dans cette relation entre rhinite et pression artérielle ou hypertension reste encore à être élucidé, le rôle de l'apnée du sommeil, à la fois liée à la rhinite et à l'hypertension artérielle, pourrait être avancé. Quoi qu'il en soit cette forte association devrait encourager les praticiens à mesurer la pression artérielle chez tout homme souffrant de rhinite.
D'après un entretien avec le Dr Sabine Kony, INSERM U408, équipe d'épidémiologie.
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