Pourquoi certains sont-ils plus attirés par le fromage et la viande et d’autres par le chocolat et les bonbons ? Une question que se sont posée deux chercheuses françaises, Caroline Méjean et Aurélie Lampuré, épidémiologistes en nutrition dans le cadre d’une étude de la cohorte NutriNet-Santé. Elles ont étudié l’association entre une forte attirance pour le gras et les caractéristiques des individus sur le plan sociodémographique, économique, psychologique, de leur mode de vie et de leur santé. Les résultats, publiés dans le « Bristish Journal of Nutrition », indiquent que l’attirance pour la sensation de « gras-salé » est plus forte chez les hommes alors que l’attirance pour le « gras-sucré » est un peu plus importante chez les femmes.
Quelque 37 181 adultes ont participé à l’enquête sur Internet. L’attirance sensorielle a été mesurée à l’aide d’un questionnaire complet et validé spécifiquement par le centre des sciences du goût et de l’alimentation (CSGA). Une première partie évaluait l’attirance pour des aliments spécifiques, « comment aimez-vous les chips ? » avec 9 types de réponse allant de « je n’aime pas du tout » à « j’aime vraiment beaucoup ». La seconde partie mesurait le niveau d’assaisonnement préféré à l’aide de photos, « comment préférez-vous le pain au petit déjeuner ou au goûter ? » avec six possibilités de réponses, « sans beurre » à « avec beaucoup de beurre ». Une autre partie permettait d’étudier les comportements alimentaires, « vous arrive-t-il de manger de la pâte à tartiner au chocolat et noisette à la petite cuillère ? » avec cinq modalités allant de « jamais » à « toujours ».
Une différence peut-être hormonale ou comportementale
Le Dr Aurélie Lampuré, explique qu’elle a mis en avant deux hypothèses pour expliquer cette différence : « Une hypothèse physiologique. Nous pensons que les hormones sexuelles jouent un rôle clé dans l’attirance sensorielle, car, les enfants n’ont pas les mêmes goûts que les adultes. Peut-être que cette différence provient du passage à l’adolescence. » Une période charnière où le taux hormonal fluctue fortement. La seconde hypothèse relève plus d’une différence de comportement : « Nous suggérons que le neuromarketing joue également un rôle. Certains produits vont être plus destinés aux femmes comme les yaourts et les céréales, d’autres plus aux hommes comme le fromage. Le marketing influence l’achat du produit et donc l’attirance sensorielle », poursuit-elle.
Hormis la différence entre les hommes et les femmes, l’étude montre également qu’un Français sur dix sale ses plats sans les avoir goûtés. Les fumeurs sont deux fois plus attirés par le salé que les non-fumeurs tout comme les consommateurs d’alcool sont trois fois plus attirés par le salé que les non-consommateurs.
Les personnes à faibles revenus sont 1,2 à 1,4 fois plus attirées par le gras que les personnes à hauts revenus. Enfin, l’attirance pour le gras est 5 à 10 fois plus élevée chez les individus les plus jeunes. Les chercheuses vont maintenant suivre l’effet de ces attirances sur les fluctuations de poids et, à terme, sur l’état de santé des volontaires afin de déceler si les personnes développent un diabète de type 2 ou de l’hypertension. La cohorte NutriNet-Santé s’est fixé un objectif, ambitieux, de recruter 500 000 internautes afin de mieux identifier les facteurs de risques et de protection liés à la nutrition pour améliorer la santé des populations. Actuellement, 267 515 internautes se sont déjà inscrits.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature