Petite révolution dans le monde de l'anthropologie : il n'y aurait pas eu un mais deux « out of Africa ». Autrement dit, nos ancêtres originaires d'Afrique, les Homo sapiens, se seraient échappés par deux fois du continent considéré comme le berceau de l'humanité.
La première vague d'émigration, survenue il y a environ 600 000 ans, aurait été suivie, 5 000 siècles plus tard, d'une deuxième vague tout aussi importante. L'étude génétique suggère également qu'au cours de leurs déplacements, les envahisseurs de la seconde vague n'auraient pas remplacé les premiers installés en Europe et en Asie mais se seraient croisés avec eux.
C'est du moins ce qu'affirme le spécialiste de l'évolution Alan R. Templeton (université de Washington, Saint Louis), dans un article de « Nature » paru aujourd'hui.
Pour parvenir à cette conclusion, le chercheur a procédé, par le biais d'un ordinateur très puissant, à l'analyse de onze arbres phylogéniques humains dérivés récemment, établis grâce à la comparaison d'une dizaine de régions d'ADN (ADN mitochondrial, chromosomes X, Y, autosomes).
Les résultats, qui confortent la théorie de l'origine africaine de l'homme moderne, sont compatibles avec une autre théorie, celle du multirégionalisme, selon laquelle les populations installées en Europe, en Afrique, en Chine, en Australie et en Asie (après l'expansion africaine initiale) ont continué d'évoluer séparément. Fait important, ces groupes ont gardé la capacité de se croiser, grâce au passage régulier d'individus d'un groupe vers un autre, ce qui assurait le brassage génétique. Les habitants africains d'alors formaient le groupe le plus important. La seconde vague d'émigration africaine - qui remonte à 95 000 ans av. J.-C. d'après Templeton - ne serait en fait qu'un exemple de ces mouvements migratoires intergroupes.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature