De notre correspondant
Les auteurs, dirigés par Richard Feachem, montrent en effet qu'à prix à peu près égal, les services de Kaiser Permanente (KP) sont beaucoup plus performants que le NHS.
Les patients de KP bénéficient de soins primaires efficaces et rapides, ils accèdent sans délai aux soins des spécialistes et ils sont accueillis à l'hôpital dès qu'ils en font la demande. Surtout, ils passent trois fois moins de temps dans leur lit d'hôpital que les patients britanniques. Ce serait, selon Richard Feachem, la clé de l'efficacité de KP. En réduisant sensiblement le séjour à l'hôpital qui, dans tous les pays industrialisés, représente la dépense de santé la plus élevée, Kaiser dégage des sommes importantes qu'il consacre aux soins exigés par les pathologies moins lourdes.
Pas une question d'argent
La comparaison entre les deux systèmes est intéressante à plus d'un titre : elle examine le fonctionnement d'un système étatique, le NHS, et celui d'un système privé ; elle montre que le NHS a moins besoin d'argent que d'une réorganisation ; et, enfin, elle indique qu'un système de soins intégré où l'on trouve à peu près tout, depuis le généraliste jusqu'à la table d'opération, peut produire le meilleur et le pire.
L'étude fait déjà grand bruit en Grande-Bretagne où les défaillances du NHS sont, avec les transports en commun, un sujet de préoccupation prioritaire. Mais alors qu'il est courant de dire que le Royaume-Uni consacre à la santé une part trop faible de son produit national brut, l'étude Feachem prétend le contraire : l'intégration des soins permet de faire des économies au lieu de coûter de l'argent.
On notera que la comparaison entre le NHS et KP est légitime, bien que l'un appartienne au secteur public, l'autre au secteur privé ; car ils visent tous deux à la prise en charge globale de larges communautés.
Le rôle de l'informatique
Selon Feachem, l'informatisation, omniprésente à Kaiser, pratiquement absente du NHS, constitue l'un des facteurs des performances de KP, qui entend consacrer 2 milliards de dollars dans les années à venir à l'élimination complète des dossiers papier. L'accès instantané au dossier médical, l'apparition automatique sur l'écran de l'ordinateur des contre-indications d'un traitement, l'histoire sanitaire du patient lue en quelques instants, les informations relatives aux alternatives thérapeutiques en cas d'échec, ces atouts permettent de passer en un temps record du généraliste au spécialiste et du spécialiste à l'hôpital. Et d'éviter l'hospitalisation soit parce que le malade a été soigné et guéri à temps, soit grâce à la prévention.
KP a éliminé l'encombrement aux urgences de nuit et du week-end en créant des permanences de généralistes et de spécialistes qui s'occupent des soins moins urgents ou des pathologies moins sévères. Tout y est fait, en quelque sorte, pour que la dépense soit limitée aux soins nécessaires. « Success story » ? Le managed care est très critiqué aux Etats-Unis. Mais il se défend mieux que le NHS.
Maureen McInaney mmcinaney@pubaff.ucsf.edu Tél. 00.1.415.476.25.57.
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