L ES hépato-gastro-entérologues s'inquiètent d'abord de l'avenir démographique de leur discipline.
Alors qu'une étude de 1999 affirmait que « la densité en hépato-gastro-entérologues par habitant était l'une des plus élevées en Europe » et que les données officielles prévoient maintenant une stabilité des effectifs d'ici à 2015, cet ouvrage collectif, réalisé à l'initiative de la Société nationale française de gastro-entérologie et coordonné par les Prs Jacques Fournet et Daniel Dhumeaux, fournit des chiffres différents.
Une estimation nationale, rappelle le document, réalisée par la Collégiale des universitaires d'hépato-gastro-entérologie montre, à partir de 1997, une diminution de 50 % du nombre des internes inscrits en troisième année du diplôme d'études spécialisées (DES) par rapport au chiffre officiel pour l'année 1996, qui était de 79. La « baisse importante » du nombre des étudiants choisissant actuellement ce DES laisse prévoir, « à 10 ans, un déficit notoire par rapport aux estimations », lit-on dans le Livre blanc.
La France compte actuellement 2 113 spécialistes de cette discipline en secteur libéral. La densité moyenne est de 3,6/100 000 habitants, les zones les plus denses étant l'Ile-de-France, le Sud-Est et le Centre-Est. L'activité globale représente 2 470 milliers de consultations, 2 102 milliers d'actes en K, 80 milliers d'actes en Z ( « en baisse régulière et rapide », précise le Livre blanc). Les prescriptions annuelles frôlent le milliard de francs (945 millions), soit une augmentation de 6,1 % depuis 1990. Un spécialiste voit en moyenne 1 207 malades chaque année et effectue 2,2 actes diagnostiques et/ou thérapeutiques par malade. « Par rapport aux autres disciplines, l'hépato-gastro-entérologue se différencie par un nombre plus faible de patients, un plus faible volume d'actes, chaque acte étant en moyenne mieux rémunéré, mais plus long dans sa réalisation », peut-on lire dans le Livre blanc, qui met en avant les atouts majeurs de la discipline : l'hépato-gastro-entérologue, notamment libéral, est un médecin consultant. La majorité des malades lui est adressée par un confrère, surtout généraliste. Le recours direct aux gastro-entérologues est relativement peu fréquent pour une discipline spécialisée en France. Seulement un tiers des malades sont vus par accès direct.
L'ouvrage souligne également l'importante autonomie des hépato-gastro-entérologues par les techniques diagnostiques et les moyens thérapeutiques permettent d'éviter des circuits de soins complexes. Le recours à l'hospitalisation est rare (4 % des cas).
Complémentarité
Il attire aussi l'attention sur la « très grande complémentarité des filières libérale et hospitalière dans la discipline », car le type de pathologie, et surtout leur gravité, diffère considérablement.
Pourtant, les contraintes sont grandissantes, note ce Livre blanc. La discipline doit en effet faire face à des coûts difficilement supportables, notamment pour des raisons qui lui sont propres : procédures de lutte contre les affections nosocomiales, pratique de l'anesthésie générale à l'endoscopie (qui, selon le Livre blanc, pourrait parfaitement être remplacée par la sédation simple), insuffisance de plateaux techniques conséquents, matériel de diagnostic et de traitement de plus en plus onéreux.
Estimant qu'il est temps de miser sur la prévention et le dépistage, les gastro-entérologues s'engagent à agir à trois niveaux sur l'organisation des soins : amplifier la mise en place de réseaux ville-hôpital dans le domaine des hépatites virales, de la cancérologie et de l'alcoologie ; créer ou développer des plateaux techniques légers ; poursuivre la rédaction de référentiels de pratiques fondés sur des niveaux de preuves. Pour faire face à ces missions, ils demandent d'urgence un « renforcement des emplois de médecin hospitalier dans cette discipline ».
Ils réclament aussi la revalorisation de la place du clinicien exerçant en libéral, en lui permettant de consacrer le temps nécessaire à des pathologies lourdes. En outre, ils souhaitent négocier avec les agences régionales de l'hospitalisation sur la répartition des plateaux techniques multidisciplinaires.
Leurs autres engagements, énumérés dans le Livre blanc, portent sur le développement d'actions de conseil et d'action, avec notamment la rédaction de fiches d'information à destination des médecins généralistes et de la population. Enfin, ils se déclarent prêts, avec les pouvoirs publics, à « mener des actions de dépistage efficace », avec pour priorité le cancer colo-rectal et l'hépatite C.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature