LES GYNÉCOLOGUES médicaux du Syngof (Syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France) n'en peuvent plus. «Dans une situation économique précaire», «confrontés à une surcharge de travail liée à des effectifs insuffisants», ils ne voient pas le bout du tunnel et s'inquiètent, au-delà, pour «l'avenir de la médecine de prévention et du dépistage au service de la santé des femmes».
Ces derniers mois, les gynécologues médicaux semblent être allés de déception en déception. La mise en place des parcours de soins coordonnés, pour commencer, a porté un coup à ces spécialistes au bas de l'échelle des revenus des médecins de ville (selon le Syngof, ils gagnent en moyenne 30 % de moins que leurs confrères toutes spécialités confondues). «Compte tenu du flou et de l'ampleur des accès spécifiques en gynécologie, les gynécologues médicaux ne sont pas en mesure de pouvoir appliquer sereinement et sans contestation l'espace de liberté tarifaire dont bénéficient les autres spécialités pour l'accès hors parcours de soins et qui pourraient leur donner une bouffée d'oxygène», explique le syndicat.
Les quelque 1 500 gynécologues médicaux qui exercent aujourd'hui en France ont été, d'une certaine manière, pris au piège de l'accès direct. «Les femmes, analyse le Dr Nicole Vezon, vice-présidente du Syngof, arrivent directement dans nos cabinets pour des consultations longues et approfondies.» Des consultations qui, dans ces conditions, ne relèvent pas du C2 (acte de consultant). Cette constatation faite, les gynécologues médicaux ont espéré bénéficier, comme d'autres spécialités, de mesures de rattrapage. Première déconvenue : l'avenant conventionnel n° 12, signé le 3 mars 2006 et censé «accompagner les spécialités dont l'activité a été modifiée par la mise en oeuvre du parcours de soins coordonné», selon l'assurance-maladie, n'a rien prévu pour eux. Des aménagements sont à l'époque à l'ordre du jour du côté de la dermatologie, de l'ORL, de la rhumatologie, de la médecine physique et de réadaptation, de l'endocrinologie et de la cardiologie. Pas du côté de la gynécologie médicale qui n'a pas pu non plus compter sur la Ccam technique (classification commune des actes médicaux) pour se requinquer. Certes, la spécialité effectue très peu d'actes techniques, mais même ceux-là n'ont pas été revalorisés dans le dernier grand toilettage de la nomenclature. «La colcoscopie n'est pas cotée, regrette le Dr Vezon, et la pose d'un stérilet, pour laquelle nous devons désormais utiliser un kit de matériel à usage unique coûtant 5euros, est au tarif de 38,40euros depuis des décennies!» Les gynécologues médicaux mettent désormais tous leurs espoirs dans la future Ccam clinique. Mais le Syngof n'a pas la patience d'attendre cette grande réforme des consultations (annoncée pour l'été 2008) ; il veut des «mesures transitoires». Le syndicat demande en particulier une majoration de 10 euros «pour la première consultation de contraception, le bilan de ménopause, la consultation préconceptionnelle ou la première consultation de grossesse», autant d'occasions pour les gynécologues médicaux «de jouer un rôle majeur de santé publique dans la prévention et le dépistage, tant en termes d'IVG, de maladies sexuellement transmissibles, de cancers gynécologiques et de complications obstétricales que d'ostéoporose ou de facteurs de risques cardio-vasculaires».
Le syndicat voudrait également que toutes les consultations de suivi multidisciplinaire dans le cadre des réseaux soient revalorisées de 20 euros et que, après un C2, les gynécologues médicaux puissent coter un «CSdiagnostic». Enfin, il milite pour qu'une consultation et un acte technique puissent être associés quand il s'agit d'éviter de faire revenir une patiente – «par exemple, consultation et échographie ou consultation et frottis cervicovaginal». Sur l'ensemble de ces sujets, le Syngof souhaite que les syndicats médicaux signataires de la convention interviennent par écrit auprès de l'assurance-maladie.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature