LE MÉDICAMENT est le secteur d'activité qui a le plus contribué, ces dernières années, à la maîtrise des dépenses d'assurance-maladie : fort de ce constat, l'association des Laboratoires internationaux de recherche (LIR), qui rassemble les responsables de treize filiales de grands groupes internationaux pharmaceutiques installés en France, demande au gouvernement de faire un geste. En clair, que le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), qui sera voté pour 2009 par le Parlement, leur laisse quelques raisons d'espérer en un futur meilleur.
«Nous ne voulons pas paraître sans cesse nous plaindre, dit ainsi Dominique Amory, président de l'association LIR et de Lilly France, mais il est vrai que les objectifs d'évolution des dépenses qui sont accordés à l'industrie pharmaceutique sont bien faibles et qu'il faudrait prévoir des marges supplémentaires.» On sait ainsi que ce taux a été fixé pour 2008 à 1,4 % et que, selon les versions provisoires du PLFSS qui circulent, ce taux serait très faiblement relevé à 1,5 %. Très insuffisant, selon les industriels et notamment le président de LIR, qui rappelle que l'évolution naturelle des dépenses de médicament – vieillissement de la population, innovations, nouvelles, pathologies lourdes obligent – est de 6 à 7 %. «Un taux réaliste d'évolution des dépenses de médicaments remboursables ne devrait pas être inférieur à 3 ou 4%», estime ainsi Dominique Amory, afin de permettre à l'industrie de rester compétitive dans le domaine de la recherche et plus largement de l'économie.
Faible croissance.
L'inquiétude des responsables des multinationales est d'autant plus grande, semble-t-il, que les premiers résultats de l'année 2008 ne sont pas à même de vraiment les rassurer. Les baisses de prix, les déremboursements, notamment des veinotoniques, intervenus au 1er janvier, la politique des génériques se sont traduits, explique l'association LIR par un ralentissement de la croissance du secteur puisque, au cours des six premiers mois de l'année, le marché pharmaceutique remboursable a augmenté de 1,9 % par rapport à la même période, l'année précédente. «Sans les déremboursements, explique le LIR, le marché évoluerait sur une pente de 3,2% et cette augmentation s'expliquerait par une hausse des affections de longue durée.» À noter que, contrairement aux deux années précédentes, ce ne sont plus les anticancéreux qui contribuent le plus à la hausse des dépenses de médicaments remboursables. Les vaccins (en raison du vaccin anti-HPV) et l'ophtalmologie (grâce à une spécialité pour lutter contre une forme de DMLA) tirent surtout la croissance des dépenses, au cours du premier semestre 2008.
Mais pour les responsables du LIR, l'important serait que le gouvernement soutienne «une industrie ayant un rôle stratégique dans l'économie française».
C'est un secteur qui crée une richesse économique : emploi, export, mais c'est aussi une industrie qui, par sa recherche et sa capacité d'innovation, «contribue à l'amélioration de l'état de santé de la population en augmentant l'espérance de vie et sa qualité».
La balle est donc dans le camp du gouvernement qui, espèrent les responsables du LIR, devrait épargner ce secteur dans le cadre du PLFSS et surtout lui donner des raisons d'espérer.
Les prélèvements et les taxes imposés à l'industrie sont un autre souci pour les responsables de LIR. L'industrie a ainsi versé en 2008 plus d'un milliard d'euros en taxes et prélèvements. «Sans que, pour autant, explique Dominique Amory, la situation de l'assurance-maladie s'améliore. Vous pouvez doubler les taxes et les prélèvements: il n'y aura peut-être plus d'industrie pharmaceutique, mais les déficits de l'assurance-maladie seront toujours là.» Et le président du LIR d'avertir : le poste médicament ne pourra continuer «à supporter indéfiniment les multiples contraintes qui pèsent actuellement sur lui sans altérer à terme sa contribution au progrès thérapeutique et à la croissance économique».
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