En favorisant l’insulinorésistance, l’obésité constitue un facteur de risque important de survenue du diabète. Ce qui peut être prévenu par le biais d’une activité physique régulière et d’une alimentation équilibrée. Celle-ci doit permettre d’éviter la prise de poids et maintenir un taux de sucre normal dans le sang. « L’objectif, pour le médecin, est de donner un cadre nutritionnel clair et simple, pouvant être appliqué par le patient sans trop de contraintes, en fonction de son mode de vie. Ce cadre ne sera pas forcément parfait, d’un point de vue nutritionnel, dès le départ. L’idée étant d’arriver progressivement, via un suivi régulier du patient, à une hygiène alimentaire satisfaisante, tout en maintenant la dimension plaisir », souligne le Dr Pierre Azam, nutritionniste et président de l’Observatoire de l’obésité (OBOBS).
Quoi qu’il en soit, le patient obèse à fort risque de diabète doit respecter quelques grands principes alimentaires. Pour bien répartir l’énergie et les apports de sucre, afin d’éviter les variations importantes du taux de sucre dans le sang, il doit toujours penser à prendre trois repas par jour, en évitant les grignotages. Chaque repas devant être constitué d’une ration de lipides, de glucides et de protéines. Au cours d’un repas, légumes et féculents gagnent à être associés : les fibres des premiers ralentissent l’absorption des sucres des seconds. Un morceau de viande ou de poisson (cuit avec le moins de matières grasses possible) et une portion de fromage (30 g) sont autorisés une fois par jour, de préférence pour le déjeuner.
La collation doit rester exceptionnelle (repas trop léger, exercice physique important…), en choisissant, de préférence, un produit laitier, un fruit ou la portion de fromage de la journée. Les aliments gras doivent, en outre, être évités. « Charcuterie, friture, cacahuètes, mayonnaise… ne doivent pas être consommés plus d’une fois par semaine. Il faut aussi varier les huiles, les doser à l’aide d’une cuillère à soupe et préférer les matières grasses végétales (huiles, margarines molles) », note le Dr Azam.
La consommation de produits sucrés doit également être très réduite : viennoiseries, confiture et miel, par exemple, peuvent être consommés une fois par semaine (de préférence le matin). Jamais en dehors des repas, ni le soir avant de se coucher : le fait de manger sucré à une heure tardive entretient l’hyperglycémie. Le patient obèse peut également consommer jusqu’à trois fruits par jour, parmi les moins sucrés (oranges, pommes, fraises, melon…). « Les patients pensent souvent, à tort, que le sucre est leur ennemi majeur. Or, c’est l’hypercalorie alimentaire qui est en cause : les quantités importantes de graisses cachées dans le fromage, la charcuterie, les crèmes glacées, les produits transformés (plats cuisinés), couplés à l’excès de glucides complexes (pâtes, pain, riz) et simples ouvrent la voie au diabète », rappelle le Dr Azam.
Lorsque les efforts en matière d’alimentation et d’activité physique ne suffisent plus, le recours à la chirurgie bariatrique peut, dans certains cas, être une solution efficace pour lutter contre la prise de poids et le diabète. Mais elle doit être accompagnée. « Il faut continuer à donner aux patients une éducation, une culture et des astuces nutritionnelles pour qu’ils puissent atteindre l’équilibre alimentaire à long terme. De fait, sans prise en charge globale via un suivi pluridiscipinaire (médecin généraliste, endocrinologue, nutritionniste, diététicien, psychologue…) sur plusieurs années, ce type d’intervention mène le plus souvent à l’échec. Les patients reprennent du poids, parfois même davantage qu’avant l’intervention, favorisant, ainsi, l’apparition ou l’aggravation d’un diabète », conclut le Dr Azam.
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