De notre correspondante
à New York
Les enfants de très faible poids de naissance (moins de 1 500 g) représentent environ 1 % des naissances vivantes aux Etats-Unis. Leur mortalité a considérablement diminué au cours des trente dernières années, grâce à la sophistication des soins intensifs néonataux. Cette meilleure survie s'accompagne d'une crainte de séquelles à long terme : infirmité motrice cérébrale, déficit du développement intellectuel et comportemental entre autres.
Peu d'études ont suivi les enfants de très faible poids de naissance jusqu'à l'adolescence et au-delà. Ceux qui sont nés au début des soins intensifs néonataux sont maintenant de jeunes adultes.
Hack (Case Western Reserve University, Cleveland) et coll. ont suivi une cohorte de grands prématurés nés à Cleveland entre 1977 et 1979. Les observations initiales (à 8 ans) ont été prolongées avec un suivi actuel de 20 ans, chez 242 participants de la cohorte.
Les enfants pesaient, en moyenne, 1 179 g à la naissance et sont nés, en moyenne, à la 29e semaine (une grossesse est à terme après 37 semaines). Cette cohorte a été comparée à 233 témoins, de même âge, nés avec un poids normal (> 2 500 g).
Leurs constats contiennent à la fois de bonnes et de mauvaises nouvelles.
A 20 ans, ces ex-prématurés ont un plus grand risque de problèmes chroniques de santé, en particulier neurosensoriels (infirmité motrice cérébrale, cécité et surdité), qui touchent 10 % d'entre eux contre moins de 1 % des témoins, et ils ont deux fois plus de risques d'avoir une taille inférieure à la normale (10 % versus 5 %).
Autres mauvaises nouvelles, la cohorte conserve un QI inférieur, en moyenne, à celui du groupe témoin (87 contre 92), seulement 51 % ont un QI normal (≥ 85) contre 67 % du groupe témoin et, de façon non surprenante, la cohorte a moins de chances d'avoir le baccalauréat (74 % contre 83 %) ou de poursuivre des études supérieures (41 % contre 53 %).
Moins de comportements à risque
Toutefois, la bonne nouvelle inattendue est leur relatif succès en dépit des difficultés cognitives. Les différences de réussite scolaire ne sont pas bien grandes. Contre toute attente aussi, le fait que le groupe de très faible poids de naissance a moins tendance à signaler certains comportements à risque (prise d'alcool ou de drogues). Cela pourrait résulter, d'après les investigateurs, d'une surveillance parentale accrue.
Que dire à des parents anxieux confrontés à la naissance d'un enfant très prématuré ? « Les chances de survie, avec les soins intensifs agressifs, augmentent chaque année », répondent les Drs Mc Cormick et Richardson (Boston), dans un éditorial. « Les risques de handicap physique, de QI limite et de mauvaises performances scolaires sont certainement accrus pour les enfants de très faible poids de naissance et cette étude suggère qu'ils ne perdent pas leur vulnérabilité. »« D'un autre côté, ajoutent-ils, les différences ne semblent pas augmenter sensiblement durant l'adolescence », et « nombre de ces adolescents ont une réussite scolaire au moins égale à celle de leurs compagnons de poids de naissance normal. » Les éditorialistes se montrent enfin optimistes : ceux qui naissent aujourd'hui, dans des milieux socio-économiques plus favorisés, et qui reçoivent une intervention éducative dans les premières années, devraient mieux réussir scolairement que ceux de la cohorte présentée.
« New England Journal of Medicine », 17 janvier 2002, pp. 149, 146, 197.
A petite prématurité, petit retard
Contrairement à l'opinion générale, naître avec seulement de 2 à 4 semaines d'avance peut être responsable de retards de développement mineurs. Sans conséquences sur le long terme. Le travail, mené aux Etats-Unis par Mary L. Hediger et coll. auprès de 4 621 enfants nés à ces termes, conclut que la décision de provoquer un accouchement précocement, en raison de l'état de santé de la mère ou du ftus, doit être mûrement pesée.
Ces enfants, suivis jusqu'à 47 mois, montraient en général quelques retards lors d'étapes précises du développement, comme saisir des objets avant 3 mois, ramper avant 6 mois ou associer 3 mots avant 15 mois. Autant de lacunes comblées un peu plus tard.
Les médecins qui suivent ces enfants doivent donc tenir de la prématurité dans l'évaluation du développement et contrôler les acquis ultérieurement.
« Paediatric and Perinatal Epidemiology », janvier 2002.
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