Recherche thérapeutique sur le VIH/sida

Les grandes orientations de l'Anrs en 2005

Publié le 05/07/2005
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LES ORIENTATIONS de la recherche clinique de l'Anrs sont définies en fonction des besoins identifiés de prise en charge des patients afin d'évaluer des stratégies thérapeutiques susceptibles de répondre à ces besoins.
On se trouve face à des situations différentes explique le Pr Jean-François Delfraissy : celles des patients suivis régulièrement à l'hôpital qui représentent la majorité des personnes infectées par le VIH résidant en France - sous traitement, la plupart de ces patients sont en succès thérapeutique - et celles des patients pris en charge tardivement.
Actuellement, 50 % des patients pour lesquels se pose l'indication d'un traitement antirétroviral sont vus pour la première fois au stade sida ou avec un nombre de CD4 très bas. Chez ces patients (souvent des migrants, des personnes marginalisées ou en situation de précarité), le risque de mortalité dans les six premiers mois de la prise en charge est seize fois plus élevé que celui des malades pris en charge précocement.
Les essais conçus et initiés par l'Anrs cherchent à répondre à chacune de ces situations.

De nouvelles stratégies thérapeutiques.
Trente-huit essais thérapeutiques sont menés actuellement par l'Anrs ; ils incluent près de 3 000 patients suivis dans 35 sites hospitaliers répartis sur l'ensemble du territoire.
Certains de ces essais évaluent des stratégies thérapeutiques permettant d'améliorer la tolérance au long cours des traitements antirétroviraux. Compte tenu des problèmes de résistance et d'échappement aux traitements, d'autres essais évaluent de nouveaux schémas thérapeutiques avec des médicaments déjà disponibles ou avec des molécules en développement.
Une série d'essais thérapeutiques a été mise en œuvre pour évaluer, dans différentes situations de prise en charge, des schémas thérapeutiques sans inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse (Inti), médicaments qui ont constitué jusqu'à maintenant la pierre angulaire des traitements antirétroviraux, mais qui exposent à des effets indésirables à moyen et long terme : les essais Hippocampe (Anrs 121), Nonuke (Anrs 108).
Deux nouveaux essais visent à améliorer la prise en charge des complications des antirétroviraux (lipodystrophie, anomalies glucido-lipidiques, anomalies osseuses...) : débuté en octobre 2004, l'essai Fosivir (Anrs 120) est destiné à évaluer l'efficacité de l'alendronate dans le traitement de l'ostéoporose, l'essai Vihstatine (Anrs 126), qui doit débuter prochainement, va comparer l'efficacité de deux statines chez les patients sous antirétroviraux et atteints de troubles lipidiques.

De nouveaux schémas thérapeutiques.
L'Anrs a engagé depuis plusieurs années un vaste programme de recherche sur l'immunothérapie. Cette approche thérapeutique vise à induire et amplifier les réponses immunitaires contre le VIH, afin de favoriser un meilleur contrôle de l'infection, en complément des traitements antirétroviraux. Plusieurs essais ont été réalisés. Les résultats obtenus jusqu'à présent sont encourageants, ils ont conduit à utiliser l'immunothérapie pour retarder le début du traitement antirétroviral ou pour favoriser les interruptions thérapeutiques.
Trois essais évaluant des stratégies d'épargne thérapeutique sont en cours de réalisation.
Enfin, l'Anrs met en place des essais visant à évaluer de nouvelles stratégies thérapeutiques susceptibles d'améliorer le pronostic des patients pris en charge tardivement : l'essai Apollo (Anrs 130) évalue un traitement intensifié [trithérapie standard à laquelle est associé l'enfuvirtide (Fuzeon) pendant six mois] chez des patients naïfs ayant des CD4 < 150/mm3, en comparaison avec une trithérapie standard.
D'autres essais devraient débuter prochainement pour évaluer l'association de deux inhibiteurs de protéase sur le contrôle de réplication virale (essai Anrs 127) et chez les patients en échec thérapeutique pour comparer une multithérapie optimisée en fonction des résultats des tests de résistance à une multithérapie optimisée associée à des cures d'interleukine 2 ; cet essai (Etoile) a débuté en juin 2004.
Deux nouvelles familles d'antirétroviraux sont en cours de développement : les inhibiteurs de la fusion et les inhibiteurs de l'intégrase. Des contacts sont actuellement en cours avec les laboratoires qui les développent pour tenter de mettre sur pied des essais cliniques avec ces nouvelles molécules chez des patients en multi-échecs thérapeutiques.

Point presse organisé par l'Anrs avec la participation des Prs Michel Kazatchkine, directeur de l'Anrs, Jean-François Delfraissy, président de l'action coordonnée « Essais thérapeutiques du VIH » de l'Anrs et Mark Wainberg, codirecteur du réseau sida du fonds de recherche en santé au Québec.
* Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales.

La recherche clinique dans les pays du Sud

La recherche en direction des pays du Sud est une des priorité de l'Agence nationale de recherches sur le sida qui y consacre environ 20 % de son budget. L'agence s'attache notamment à démontrer que les stratégies thérapeutiques développées dans les pays du Nord sont parfaitement adaptables pour les pays du Sud. C'est ainsi que sur les grandes questions thérapeutiques, l'Anrs met en œuvre des essais similaires dans le Nord et dans le Sud et a également mis en place un réseau de cohortes de patients traités par multithérapies antirétrovirales dans les pays du Sud (Afrique, Asie et Brésil).

&gt; Dr MICHELINE FOURCADE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7786