L 'AUGMENTATION des gonococcies, observée en 1998, s'est poursuivie en 1999 et 2000.
« L'augmentation des gonococcies observée en France depuis deux ans s'inscrit dans un contexte d'apparition de foyers de cas groupés de syphilis en Europe, dans les pays où cette maladie avait quasiment disparue », font observer les auteurs (1). Cette situation témoigne d'une augmentation de rapports non protégés et fait craindre une recrudescence de nouvelles contaminations par le VIH, d'autant que la transmission du VIH est facilitée en cas de MST. Il faut traiter les patients et leurs partenaires et ne pas oublier les localisations ano-rectales et pharyngées des gonococcies, souvent asymptomatiques.
L'étude, engagée à la suite de la recrudescence des cas de gonococcies observée en 1998, s'appuie sur les données récoltées dans les centres d'observation des MST et gonococcies, qui sont en France, depuis 1985, au nombre de trois.
• RENAGO repose sur un échantillon de laboratoires privés et hospitaliers (31 et 163 en 1999). En 1999, 334 souches de N. gonorrhoeae (30 chez des femmes et 304 chez des hommes ; âge moyen de 32 ans) ont été identifiées ; 98 % des patients étaient asymptomatiques. L'augmentation de 1998 se confirme, davantage en province qu'en Ile-de-France. Chez les 304 hommes, 29 souches ont été isolées sur des prélèvements ano-rectaux et une sur un prélèvement pharyngé. Les gonococcies ano-rectales, en progression depuis 1995, ont plus que doublé en 1998 et ont continué à augmenter en 1999.
• Le réseau Sentinelles repose sur un réseau de médecins généralistes. En 1999, les 170 cas rapportés permettent d'estimer à 49 000 le nombre de cas diagnostiqués. Dans 53 % des cas, un écoulement urétral est présent au moment du diagnostic ; 85 % se déclarent hétérosexuels, 8 % homo- ou bisexuels ; 26 % ont des partenaires multiples. Il y a une augmentation de l'incidence des urétrites masculines diagnostiquées en médecine générale entre 1995 (61 cas/100 000 habitants) et 1999 (86 cas/100 000) et qui semble se poursuivre en 2000.
• Consultations MST (n = 257) mises en place par les conseils généraux : dans les vingt départements qui ont participé à l'étude, il y a une tendance à la hausse du nombre de diagnostics de gonococcies entre 1997 et 1999. Dans les consultations parisiennes, 285 gonococcies ont été diagnostiquées en 2000, soit une augmentation de 11 % par rapport à 1999.
« L'augmentation importante de gonococcies ano-rectales dans RENAGO, ainsi que l'existence d'une proportion d'homosexuels chez les patients atteints d'urétrite du réseau Sentinelles (10 %) plus élevée que dans la population générale (4 %) laisse supposer l'existence de comportements à risque chez les homo-bisexuels », déduisent les auteurs.
(1) « BEH », n° 14, 3 avril 2001, pp. 61-63.
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