ON NE PEUT imaginer choix plus parfait pour un concert intime que le Wigmore Hall de Londres. Construit en 1901 par la firme de pianos allemande Bechstein, et attenant aux salles d'exposition des pianos, il fut inauguré par un concert du pianiste Busoni et du violoniste Isaïe. Les proportions de cette salle de concert (550 places) située au centre de la capitale britannique, son style Renaissance victorien utilisant marbre et albâtre, son acoustique exceptionnelle et la convivialité de ses installations en font un lieu privilégié pour écouter musique de chambre, instruments solistes et récitals de chant. C'est le lieu favori du public londonien et on aimerait que la salle Gaveau, qui pourrait en être l'équivalent parisien, ait une telle chaleur et une programmation aussi riche et soignée, ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui.
La distinction suprême.
András Schiff ne joue plus en récital à Paris depuis de nombreuses années à la suite de différends avec les principaux organisateurs de concerts de la capitale.
Quel bonheur de retrouver, avec un public de tous âges et étonnement silencieux, son jeu serein, sa sonorité pleine et les couleurs qu'il sait mettre à ces « Variations Goldberg » de Bach, la dynamique purement pianistique qu'il a maturée pendant toutes ces années dans cette oeuvre créée pour le clavecin. Ce monument visité et revisité par tant de pianistes retrouve sous ses doigts une fluidité, une dynamique et une logique qu'il est un des seuls à savoir lui donner.
Schiff débutait à Londres il y a trente ans, jour pour jour, avec la même oeuvre, qu'il a enregistrée deux fois depuis. Il est devenu, selon John Gilhooly, directeur du Wigmore Hall, un pilier de la maison où il joue plusieurs fois par saisons et accompagne parfois des chanteurs. C'est à ce titre que lui a été remise par le Duc de Kent, à l'issue des deux concerts qu'il y a donnés, la Wigmore Medal, distinction suprême pour cet artiste.
Schiff joue aussi pour Londres, où il réside, le cycle des trente-deux sonates de Beethoven ; ses commentaires sont disponibles sur le site du quotidien « The Guardian ». Il semblerait qu'il envisage de jouer l'oeuvre de Debussy. On y courra !
Wigmore Hall (00.44.20.7935.2141). 36, Wigmore Street London W1U 2BP. Site Internet : http://www.wigmorehall.org.uk.
Prochains concerts : Recitals de Angelica Kirschschlager (28 sept.), Christian Gerhahrer/András Schiff (2 oct.), Simon Keenliside (26 oct.), Dorothea Röschmann (20 nov.), Cedric Tiberghien (18 sept.)
Wigmore Hall sur CD
« Wigmore Hall Live » est une collection de CD qui comporte déjà plus de vingt-cinq titres à son catalogue. Les plus fidèles parmi les interprètes de cette salle, Felicity Lott, Thomas Allen, Soile Isokoski, Imogen Cooper, les quatuors Ysaÿe, Skampa, Kopelman..., ont été captés en direct lors d'un concert. On y trouve aussi quelques récitals historiques par des interprètes disparus ou retraités.
Chaque CD bénéficie d'une prise de son magnifique et d'un travail éditorial remarquable. Parmi nos préférés : le merveilleux récital consacré à Mozart, Chopin, Schumann et Beethoven par le pianiste polonais Mieczyslav Horzowski en 1991, alors qu'il avait quasiment 99 ans. Légendaires aussi, le récital Mahler, Schubert, Strauss de la soprano galloise Margaret Price accompagnée au piano par Geoffrey Parsons et le récital d'un autre grand pianiste disparu, Shura Cherkassy, capté en 1993.
Parmi les parutions plus récentes : le jeune ténor britannique Toby Spence, bien connu à Paris (Finzi, Walton) et la soprano américaine Christine Brewer (Wagner, Wolf, Britten, John Carter).
En vente sur place (00.44.20 7935 2141) et www.wigmore-hall.org.uk/live
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