Comment les gériatres ont-ils vécu et perçu la crise de l'été ? Pour le savoir, le Collège professionnel des gériatres français a réalisé entre le 29 août et le 5 septembre une enquête expresse par courrier électronique. Quelque 30 % des personnes et équipes sollicitées ont répondu, soit près de 100 réponses, reflétant les difficultés observées dans les hôpitaux et les maisons de retraite.
L'enquête a cherché à valider sept hypothèses. Comme on s'y attendait, la majorité est d'accord pour estimer que « la canicule 2003 représente une catastrophe naturelle inédite - inédite en France, ont tenu à préciser certains - aux conséquences médicales et sociales graves chez les personnes fragiles âgées » (57 %) et que « les conséquences médicales sont marquées par un surcroît de morbidité et de mortalité ». En revanche, l'hypothèse selon laquelle « les malades hospitalisés les plus fragiles sont vraisemblablement décédés dans les premiers temps de la canicule, à la fin de juin dans le sud de la France, à la fin de juillet ou dans le courant d'août dans le nord, avec, par la suite, une prise en charge ayant permis de contrôler la surmortalité, malgré les difficultés dans les services hospitaliers », est plus contestée car elle est difficile à vérifier selon 49 % des répondants.
Que les malades des EHPAD (établissements d'hébergement pour les personnes âgées dépendantes) aient « sans doute pâti dans certains établissements d'un manque de moyens humains et médicaux » ne fait pas de doute pour 60 %, mais que la mortalité constatée à domicile soit « liée à une prise en charge extrahospitalière difficile ou insuffisante dans certaines régions » est discuté. De même quant à savoir si les décès relèvent d'une avance de mortalité ou d'une surmortalité vraie. Enfin, 67 % sont d'accord sur la description de la morbidité, marquée « par l'hyperthermie, la déshydratation, l'infection pulmonaire et urinaire, et les accidents thrombotiques, artériels et veino-pulmonaires, ainsi que les aggravations des pathologies chroniques ».
Les témoignages sur les difficultés rencontrées confirment également les observations déjà faites : manque de lits, personnel insuffisant, surcharge de travail, manque de moyens matériels... Le personnel a été exemplaire et méritant, dans des conditions très difficiles, mais le personnel de remplacement n'avait pas toujours la qualification désirée.
Dans ces conditions, les gériatres plébiscitent pour l'avenir le renforcement des filières gériatriques hospitalières, des coordinations ville-hôpital, de la formation et de la qualification de l'ensemble des professionnels, et des modalités de repérage des personnes à risque.
Des canicules de plus en plus nombreuses
Selon le président de Météo France, Jean-Pierre Besson, les canicules risquent d'être « cinq fois plus nombreuses » en France dans les décennies à venir. Le réchauffement de la planète - 1 degré de plus en un siècle dans notre pays -, dû pour l'essentiel aux activités humaines, va se poursuivre, « quelles que soient les mesures prises par les politiques ». D'une manière générale, les événements météorologiques extrêmes devraient se multiplier à l'échelle de la planète.
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