Longtemps, l’idée d’impliquer davantage le généraliste dans la prise en charge du cancer est resté un vœu pieux. Avec la mesure 18 du Plan Cancer, les pouvoirs publics ont prévu de « personnaliser la prise en charge des malades et de renforcer le rôle du médecin traitant ». Mais cette intention s’est-elle depuis traduite en actes ? Un an après le lancement de ce plan 2009/2013, la Ligue contre le Cancer a mené une enquête auprès de 565 généralistes afin de « connaître leurs conditions d’exercice par rapport au cancer et leur rapport aux malades et appréhender les difficultés auxquelles ils sont confrontés face au corps médical, aux patients et aux institutions ». À cette occasion, la Ligue a tenu jeudi une première « rencontre nationale des médecins généralistes face au cancer ».
Pour 65 % des médecins généralistes interrogés, les cancers représentent une pathologie en forte augmentation dans leur activité. Traditionnellement, ceux-ci s’impliquent pleinement dans la prévention et le dépistage : 90 % interviennent dans le sevrage tabagique, 86 % dans la vaccination anti-HPV, 85 % dans le dépistage du cancer colorectal, 96 % dans le cancer du sein, 85 % dans l’information sur les dangers liés à l’exposition au soleil et 41 % effectuent des frottis.
Après l’annonce du diagnostic de cancer, les médecins généralistes conservent une relation étroite avec leurs patients dans 95 % des cas, souligne cette enquête de la Ligue. Les trois principaux troubles des patients auxquels les médecins généralistes sont confrontés sont les effets secondaires, l’anxiété et la fatigue. En revanche, autant la maladie n’altère en rien la relation de proximité avec le patient, autant malgré les plans Cancer successifs la communication avec l’hôpital est toujours aussi compliquée. Ainsi seuls 48 % des médecins généralistes se disent satisfaits de l’information qui leur est délivrée par leurs confrères prenant en charge leurs patients pour un cancer. Et surtout, ils sont 84 % à estimer que la « formalisation d’un contenu minimal du courrier récapitulatif de sortie est, totalement ou partiellement, une réponse pertinente au besoin de partage de données médicales entre professionnels de santé ». Sauf que ces courriers leur parviennent en général après la reprise du contact avec le patient. De plus, certains généralistes regrettent une certaine forme de « captation » de leur patient par l’équipe spécialisée qui le prend en charge. En résumé, « la place du médecin généraliste dans la prise en charge des cancers n'est pas reconnue à sa juste valeur » estiment 70 % des praticiens interrogés. Le Plan cancer va-t-il réussir à changer la donne ? Ce n’est pas certain dans la mesure où les deux tiers des généralistes estiment déjà ne pas être bien informés sur ce même Plan.
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