Alors que le nombre de gynécologues médicaux décroît, les généralistes de MG France, réunis lors d’un colloque thématique jeudi 11 octobre à Paris, s’affichent comme des interlocuteurs incontournables pour les adolescentes, et plus largement, pour tous les jeunes. Leur principal argument : la proximité.
Le Dr Agnès Giannotti travaille dans le quartier de la Goutte d’Or à Paris. « L’accès aux soins est un vrai problème pour ces ados qui n’ont pas d’argent et qui s’autonomisent très tôt de leurs parents », explique-t-elle. « Une consultation chez un médecin généraliste a le bénéfice de ne pas susciter d’interrogation chez les parents », poursuit-elle. Les motifs de consultation sont variés, et tournent souvent autour de pathologies bénignes ou de demandes de certificats médicaux. « Il faut alors ouvrir des portes sans être intrusif », recommande le Dr Giannotti.
Le second atout mis en avant par les généralistes est la prise en charge globale de la santé des adolescents. Le Dr Giannotti suit ainsi une jeune fille depuis l’âge de 10 ans, lors de son arrivée de Côte d’Ivoire. À 18 ans, sa patiente vient la voir pour une infection urinaire. Deux mois plus tard, elle se retrouve enceinte et en rupture familiale. « Elle était complètement embrouillée, logeant en foyer après un placement judiciaire. Elle n’avait plus de Sécurité sociale. 3 mois plus tard, après une fausse couche, elle revient car elle s’est trompée dans la pilule. J’aborde avec elle le décalage culturel qui existe avec ses parents attachés à leur culture africaine. Elle n’a toujours pas la Sécurité sociale. Ce n’est qu’en juin dernier que je l’ai revue : elle a la Sécu, et a renoué le contact avec son père », raconte la généraliste, qui, non sans ironie, déclare ne pas désespérer de se voir rembourser ses 5 consultations impayées. Si le généraliste oriente l’ado dans le parcours de soins, il l’aide aussi à sortir de l’errance administrative dans laquelle il peut être plongé.
À l’impulsion d’un réseau
Les généralistes, argumente MG France, sont aussi bien placés pour piloter des réseaux. Le Dr Martine Langlois exerce à Valbonne (Sophia Antipolis). Les taux d’IVG atteignent en Provence-Alpes-Côte d’Azur des records de 21,7 ‰ (contre 14,7 ‰ en moyenne). Son bassin de population regroupe 10 000 femmes de 15 à 49 ans, et 20 généralistes, 12 pharmaciens, 2 gynécologues.
Le centre de planification n’est ouvert que le vendredi matin, et l’hôpital est éloigné. Pour améliorer l’information aux femmes et l’accès aux soins, le Dr Langlois a lancé le projet « la contraception proche de chez vous ». L’association (loi 1901), qui rassemble les professionnels libéraux, et les institutionnels (centre de planification porté par le conseil général, la Mutualité française, les établissements scolaires...) diffuse des affiches dans les pharmacies et un modèle d’entretien minimal lorsqu’une jeune fille vient demander la contraception d'urgence. Elle a surtout lancé le site internet du même nom. « Nous ne jouons pas la médecine générale contre tous, mais tous ensemble en faveur de la prévention », explique la généraliste.
« Lorsqu’une jeune fille nous demande si elle doit voir un gynécologue dès qu’elle a ses règles, on doit lui faire savoir qu’on est apte à la prendre en charge, avec une liste d’attente réduite et un coût modéré » rappelle au nom du Collège de la médecine générale le Dr Isabelle Aubin Auger. Et à condition de rassurer l’adolescente sur le respect du secret médical, la connaissance de la famille est une indéniable plus-value médicale, estime la généraliste. « Nous sommes une porte d’entrée vers le système de santé à partir de n’importe quelle demande », conclut la vice-présidente de MG France Marie-Hélène Certain.
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