RÉUNIE EN COMITÉ directeur, l'UNOF (branche généraliste de la Confédération des syndicats médicaux français – CSMF) a dressé le constat d'une évolutioninquiétante de la vie conventionnelle que symbolise le «blocage» du tarif de la consultation (C) «au mépris de la parole donnée». «Les temps ont changé, déplore le président Michel Combier. Nous ne sommes plus dans un système gagnant-gagnant, mais dans une logique gagnant-perdant, et les perdants ce sont aujourd'hui les généralistes libéraux.» Contrairement au Syndicat des médecins libéraux (SML), qui a déjà annoncé son désengagement des instances paritaires locales, l'UNOF a décidé pour l'instant de continuer à participer aux commissions conventionnelles pour y «faire passer des messages», notamment aux partenaires sociaux . L'UNOF estime que «de nombreuses menaces» pèsent sur l'exercice des généralisteset qu'il faut sensibiliser la profession à ces dangers pour préparer la riposte. Pas question, par exemple, de laisser l'assurance-maladie imposer aux médecins installés dans les zones surdotées des «mesures de régulation intergénérationnelles», actuellement à l'étude. Pas question non plus d'engager les généralistes dans le système des contrats individuels caisses-médecins, rémunérés à la performance. «On n'en veut pas car ce serait isoler le médecin et le placer sous le joug de la caisse sans outil de défense», explique le Dr Combier, qui voit dans ces contrats une étape vers le «conventionnement sélectif».
« Conflit d'intérêt ».
Selon l'UNOF, le risque de «conflit d'intérêt» avec les patients ne serait pas négligeable avec ce dispositif d'intéressement aux résultats.
Autre inquiétude majeure : la formation médicale continue (FMC) à l'heure où l'on prête au gouvernement la tentation d'un changement de cap dans le sens de l'étatisation (« le Quotidien » des 29 et 30 mai). «Les médecins n'y comprennent plus rien, ils sont paumés», juge le Dr Combier.
Politiquement, enfin, le syndicat estime que la période «ressemble à celle de 1995», lorsque, rappelle-t-il, les pouvoirs publics avaient « torpillé » par des mesures comptables – celles du plan Juppé – une convention – celle de 1993 – qui avait procuré quelques résultats. «On s'attend à des mesures sauvages à l'automne pour rétablir l'équilibre des comptes de la Sécu dès 2011, analyse le Dr Combier . Les médecins sont désabusés. Le risque, c'est de transformer ce sentiment en colère et d'aggraver la situation démographique car, cette fois, nombre de médecins ne partiront pas dans la rue, mais à la retraite…»
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