Même si vous êtes pressés de rentrer dormir, prendre votre voiture à l'issue d'une garde de 24 heures n'est vraiment pas une idée raisonnable. Une étude prospective américaine montre en effet que, dans la population des internes en médecine, la fréquence des accidents de la route est significativement augmentée par le nombre et la durée des gardes au cours d'un mois.
Environ 3 000 internes ont participé à l'étude. A la fin de chaque mois, pendant une année, ces étudiants ont rempli un questionnaire relatif à leurs horaires de travail, à leurs gardes et leurs éventuels accidents de la route.
Le dépouillement de ces questionnaires a permis d'établir que les internes américains passent en moyenne 70 heures par semaine à l'hôpital (± 26 heures). Au cours de ces 70 heures, ils ne dorment que trois heures. Leurs gardes, au nombre de 3,9 par mois (± 3,4), durent 32 heures (± 3,7 heures). A l'issue de ces gardes, près de 70 % des étudiants rentrent chez eux en voiture.
320 accidents de la route.
Pendant la durée de l'étude, les participants ont signalé 320 accidents de la route, dont 131 se sont produits alors qu'ils repartaient de l'hôpital. Une analyse détaillée des données recueillies montre que le risque d'accident est multiplié par 2,3 pour les étudiants qui viennent de finir une garde de 24 heures ou plus. Le risque de commettre une faute de conduite grave (mais d'échapper à l'accident) est, quant à lui, six fois plus élevé après une garde longue.
En outre, Barger et coll. ont noté que l'accumulation des gardes longues réalisées au cours du même mois influence énormément le risque d'accident. A chaque nouvelle garde de 24 heures ou plus, le risque d'accident est globalement augmenté de 9 % et le risque d'accident sur le chemin du retour est multiplié par 6,3. De même, plus les gardes longues sont fréquentes et plus souvent les étudiants s'endorment au volant, en conduisant ou à l'arrêt dans un embouteillage.
Pour Barger et coll., ces chiffres sont suffisamment alarmants pour que les autorités américaines se décident enfin à prendre des mesures visant à alléger les horaires de travail des internes. Aux Etats-Unis, il est actuellement légal de faire travailler un interne pendant 30 heures consécutives. Les auteurs proposent, en outre, que des systèmes de navettes gratuites soient mis en place pour ramener les médecins chez eux. Un tel système existe déjà au département de chirurgie de l'université du Michigan.
L.K. Barger et coll., « N Engl J Med » du 13 janvier 2004, pp. 125-134.
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