« Une bombe à retardement. » Le président du CNGE, le Pr Vincent Renard, ne trouve plus de termes assez forts pour qualifier la situation dans laquelle se trouve la filière universitaire de la médecine générale. L’enquête nationale annuelle du CNGE dénombre au 1er janvier 2014 dans les 35 facultés françaises pas moins de 14 376 internes inscrits dans le cursus du Diplôme d’études spécialisées (D.E.S) de médecine générale. Parmi eux, 3 609 ont été recensés comme se situant au-delà des trois ans du D.E.S sans avoir achevé leur cursus. Autrement dit, sans avoir pu passer leur soutenance de mémoire ou de thèse tout en ayant validé leurs modules et leurs stages. Une ineptie ! Car ces jeunes médecins exercent pour la plupart en remplacement et ne demandent qu’à pouvoir « finaliser » leurs études.
Comment en est-on arrivé là ? Pour le Pr Vincent Renard, l’équation entre le flux d’étudiants entrants et le nombre de temps plein pour les encadrer est impossible à résoudre. Chiffres à l’appui, le CNGE recense 139 postes équivalents temps plein pour enseigner aux 14 376 internes inscrits. Soit un ratio enseignants temps plein/internes de 1/103 alors que le ratio « souhaitable » pour le CNGE serait au moins de 1/20 !
Des demandes restées lettres mortes
On dénombre aujourd’hui 33 professeurs titulaires des universités pour 35 facultés, 9 maîtres de conférences titulaires des universités, 68 professeurs associés mi-temps et 127 maîtres de conférences associés mi-temps. « Nous aurions besoin d’embaucher quatre fois plus de temps plein mais nos demandes auprès du ministère de l’Enseignement supérieur sont restées lettres mortes. En deux ans, nous n’avons jamais été reçus et, malgré nos invitations, Mme Fioraso ne s’est jamais déplacée à nos congrès », regrette le président du CNGE. Sans rattrapage des pouvoirs publics, le nombre d’étudiants n’ayant pas validé leur cursus continuera d’augmenter inexorablement.
« Les flux sortants sont nettement plus faibles que les flux entrants accroissant ainsi cette “dette” d’étudiants qui attendent de pouvoir passer leur thèse. Ils étaient 148 en 2013 contre 327 cette année », explique le Pr Vincent Renard, à propos de ces internes qui ne peuvent même plus prétendre à une licence de remplacement.
La bonne nouvelle vient tout de même de l’augmentation du nombre de maîtres de stage. 650 nouveaux ont été formés en 2013, portant leur nombre autour de 7 250, soit une augmentation de 9%. Grâce à ces généralistes, 4 837 étudiants (1 270 supplémentaires) ont pu faire un stage de médecine générale en second cycle, portant la proportion de ces stages à 61% de la cohorte et les stages en situation de responsabilité (SASPAS) ont progressé de 15% en un an.
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