S’invitant sur les terrasses, tournoyant autour des pique-niques et des barbecues, le frelon d’Europe effraie par sa taille, avec ses 35 millimètres d’envergure, son vol bruyant et lent, lourd comme un B 52, et son cousin d’Asie débarque en Europe précédé par sa réputation d’hyper agressivité.
Une réputation qui remonte même aux temps bibliques, avec le Vespa orientalis qui était utilisé comme arme biologique : les frelons étaient entassés dans des poteries d’argiles catapultées sur l’ennemi, qui fuyait paniqué lorsque le bri des poteries libéraient les hordes venimeuses. Des adages ont la vie dure : sept piqûres de frelon tuent un cheval, martèle l’un d’eux, trois piqûres tuent un adulte et deux un enfant.
Cette réputation d’insecte tueur ne frappe pas cet autre hyménoptère qu’est la guêpe et dont la piqûre injecte cependant le même venin que celle du frelon, moins profondément en raison d’un dard plus court, et donc en provoquant une douleur moins vive.
Si les réactions varient de la simple rougeur jusqu’à l’urticaire géant, le bronchospasme, l’œdème de Quincke et/ou le choc anaphylactique, c’est le terrain allergique de la personne piquée qui est déterminant. Mais la peur continue de discriminer le frelon comme l’hyménoptère le plus redoutable de l’été pour tous les amateurs déjeuner sur l’herbe.
Selon un communiqué de la Direction générale de la santé (publié en août 2004, année où fut signalée une nette recrudescence des cas de piqûres prises en charge aux urgences), les piqûres d’hyménoptères (abeilles, guêpes et frelons) entraînent chaque année une quinzaine de décès, principalement chez des personnes allergiques. Il n’existe pas de donnée spécifique sur le frelon.
C’est sans compter le nombre « non négligeable » des accidents de la route dus au surgissement d’un insecte volant dans les voitures, comme le souligne une thèse de doctorat en médecine vétérinaire sur « l’envenimation par les hyménoptères » (Philippe Pécault, Toulouse, 2002). En juin dernier encore, deux personnes sont décédées dans les Alpes-maritimes dans un accident de la route provoqué par l’irruption, à bord d’un véhicule, d’une… sauterelle.
Dr Luc de Haro, centre antipoison de Marseille, centre de référence pour les piqûres d’hyménoptères
« Les risques liés aux piqûres de frelons font l’objet d’une nouvelle évaluation qui sera publiée par l’Institut de veille sanitaire dans les prochains mois. L’arrivée dans beaucoup de départements français du frelon asiatique entraîne en effet une vigilance accrue sur le sujet, car on sait que selon les espèces, les conséquences en santé humaine peuvent évoluer sensiblement.
C’est ainsi qu’un pays comme le Japon, avec des insectes piqueurs très agressifs, enregistre chaque année environ 70 décès, cinq fois plus qu’en France pour une population deux fois plus nombreuse. Évidemment, en toxicologie, tout est question de quantité : plus le volume de venin injecté est élevé, plus important est le danger. Dans le cas du frelon asiatique, on observe un comportement de ces hyménoptères beaucoup plus grégaire que chez les guêpes ou les frelons européens ; sans parler d’une plus grande agressivité, ce mode de vie semble exposer un risque de piqures multiples plus élevé avec des accidents plus sérieux.
Mais il ne faudrait pas faire de cette question un problème majeur de santé publique. Seules sont vraiment concernées les personnes allergiques, qui représentent 2 à 3 % de la population. Ces personnes connaissent leur vulnérabilité et doivent être invitées à prendre très au sérieux le danger, dès la première piqure, qu’elle soit celle d’une guêpe ou d’un frelon, européen ou asiatique. »
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