C'est une tendance lourde, en France comme à l'étranger : la durée moyenne d'hospitalisation diminue sensiblement. Ce mouvement s'explique tout à la fois par l'amélioration de la qualité des soins, la volonté de maîtrise des dépenses de santé, et enfin le souci d'exposer le moins possible le patient aux risques d'infections nosocomiales.
Dans ce contexte, et à partir de données par ailleurs destinées à l'évaluation du potentiel de développement de la chirurgie ambulatoire - cette base de travail concerne un ensemble de gestes marqueurs (décompression du nerf médian au canal carpien, arthroscopie du genou, chirurgie de la cataracte...) -, le CREDES (Centre de recherche, d'étude et de documentation en économie de la santé) a cherché à dégager et à mesurer les caractéristiques des patients pouvant influencer les durées moyennes de séjour (DMS). Il met à jour des disparités importantes (1).
Les agriculteurs, par exemple, restent statistiquement plus longtemps à l'hôpital que les autres catégories socio-professionnelles : pour une cure de hernie unilatérale, par exemple, 50 % des agriculteurs restent plus de quatre jours à l'hôpital. Cette proportion tombe à 20 % pour les cadres supérieurs ; pour une chirurgie des varices ; les mêmes agriculteurs sont trois fois plus nombreux que les cadres supérieurs à rester hospitalisés plus de trois jours. Ces variations, les auteurs de l'étude les attribuent au fait que « les chirurgiens préfèrent maintenir à l'hôpital quelques jours de plus un agriculteur susceptible de reprendre son activité au détriment de sa convalescence ». Une explication d'ailleurs valable pour les artisans et commerçants qui subissent des contraintes professionnelles similaires.
Aux cadres supérieurs, la chirurgie ambulatoire
Autre enseignement de l'étude : ce sont les cadres supérieurs qui bénéficient le plus souvent de la chirurgie ambulatoire. Ils sont par exemple 47 % à y avoir recours pour la cataracte, contre 29 % des agriculteurs. Enfin, deux autres facteurs favorisent l'allongement de la durée de séjour en hôpital : l'éloignement du domicile et l'isolement social. « Quel que soit le geste, expliquent les auteurs de l'enquête, l'isolement social d'un patient, c'est-à-dire lorsqu'il ne peut mobiliser une personne de son entourage pour accompagner son entrée et sa sortie de l'hôpital, a un impact très important sur la durée du séjour. »
Les experts du CREDES souhaitent mener une étude complémentaire « afin de comparer l'influence des caractéristiques socio-environnementales du patient sur la durée du séjour entre les établissements qui pratiquent la chirurgie ambulatoire et les autres ».
(1) Marc Perronnin, Marie-Jo Sourty Le Guellec, « Influence des caractéristiques sociales et environnementales du patient sur la durée de séjour à l'hôpital », CREDES, Questions d'économie de la santé n° 71.
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