Les Français sont bien soignés. Globalement, ils prennent moins de risque qu’avant pour leur santé. Mais ils pourraient aller mieux encore s’ils adoptaient des comportements aussi raisonnables que leurs voisins. En trois idées, on pourrait résumer le bilan de santé de nos concitoyens, qui en cette fin de décennie apparaît meilleur qu’il n’a jamais été. Pour la première fois, la Drees (direction des études de l’évaluation et des statistiques du ministère de la santé) a en effet entrepris d’évaluer la centaine d’objectifs fixés par la loi de santé publique d’août 2004.
Autant dire que les Français vont bien. En tout cas mieux qu’ils n’ont jamais été et plutôt mieux que leurs contemporains en pays développés. Avec 84,4 ans d’espérance de vie pour les femmes et 77,5 ans pour les hommes, les espérances de vie à la naissance étaient fin 2007 supérieures de 2 et 3 ans à ce qu’elles étaient en 1997. Et, avec un taux de mortalité globale de 8,3 pour 1000, la France peut s’enorgueillir d’avoir un des meilleurs indicateurs d’Europe en la matière.
Les indicateurs de mortalité s’améliorent
Ça va bien pour les Français. « Les évolutions sur 25 ans montrent une diminution des taux standardisés de décès toutes causes de 35%, » observent les statisticiens du ministère de la Santé, citant -50% pour les décès liés aux maladies cardiovasculaires et -11% pour la mortalité tumorale. Dans le détail, la Drees pointe, chiffres à l’appui, que « la surveillance des personnes diabétiques reste encore très insuffisante , » mais pour le reste, elle concède que l’incidence de l’insuffisance rénale chronique est stable depuis 2003. Elle constate aussi « une diminution des valeurs moyennes de la pression artérielle » et une baisse de 6% du niveau de cholestérol (LDL) dans la population ces dix dernières années. Enfin, depuis 1998, on hospitalise moins souvent pour asthme et la mortalité a diminué pour cette pathologie entre 1990 et 2005.
Les Français sont en bonne santé et d’ailleurs ils se sentent en forme : près de 70% des personnes de plus de 15 ans se déclarent en bonne ou en très bonne santé. Cette proportion ne devenant minoritaire qu’à partir de 65 ans : la part de la population déclarant avoir une maladie ou un problème de santé chronique passant de 14% chez les 15-24 ans à 73% chez les 85 ans ou plus.
L’autre french paradox
Globalement, le constat de la Drees vaut donc quitus pour le système et les acteurs de santé de l’Hexagone. C’est en amont que les mauvais points sont à distribuer. Le paradoxe français est le suivant : on vit globalement plus vieux qu’ailleurs, mais certains y meurent beaucoup trop jeunes… La France conserve en effet un taux de mortalité prématuré (avant 65 ans) parmi les plus élevés d’Europe : « environ un tiers des décès survenant avant l’âge de 65 ans pourrait être évité par une réduction des comportements à risques », rappellent les chercheurs.
Les causes de cet surmortalité évitable ne sont que trop connues. Mais on sait moins qu’ils ont tendance à régresser. Certes, on boit trop en France (en moyenne, l’équivalent de 12,8 litres d’alcool pur par adulte et par an), mais les quantités ingurgitées ont tout de même diminué de 10% entre 1999 et 2007. On fume encore beaucoup (c’est le cas par exemple d’un ado sur trois), mais la diminution est sensible sur les cinq premières années du XXIème siècle. Enfin, la Drees admet avec prudence que les « évolutions très récentes montrent un infléchissement des augmentations de prévalence d’obésité » et que les achats de fruits par personne ont augmenté entre 2000 et 2006. Comme quoi, même si l’obésité concerne 17% des hommes et des femmes, et le surpoids 40% des hommes, les messages de prévention commencent, tout doucement, à faire leurs effets. Même le suicide a tendance à régresser sur le long terme : les décès par autolyse ont baissé de 20% en 25 ans, même si ce rythme est trois moins rapide que pour les autres morts violentes.
On retiendra aussi de cette étude que la différence d’espérance de vie entre hommes et femmes tend à se réduire, même si elle reste nettement favorable aux secondes. Et qu’entre 1976 et 1999, les écarts entre catégories socio professionnelles se sont accentués chez les hommes, alors qu’ils restaient stables chez les femmes. Cette analyse suggère enfin que les futures Agences régionales de santé (ARS) ont du pain sur la planche. La carte de la mortalité évitable renvoie à des taux nettement supérieurs dans le Nord-pas-de-Calais, la Champagne, la Picardie, la Haute-Normandie et la Bretagne. Et le suicide concerne nettement plus la moitié nord-ouest de l’Hexagone et singulièrement la Bretagne et le Nord de la France. Inversement, le taux d’IVG est sensiblement supérieur dans les DOM-TOM, le sud de la France ou la région parisienne.
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