LES CAMPAGNES de prévention portent leurs fruits. C’est ce que montrent les premiers résultats du Baromètre santé 2005 réalisé par l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes)*, pour lequel 30 000 Français de 12 à 75 ans ont été interrogés, contre 13 000 auparavant. Neuf sur dix se déclarent bien ou très bien informés sur le tabac et les boissons alcooliques, en nette progression par rapport au précédent Baromètre, qui date de 2000. Sur le cannabis, qui a fait l’objet d’une première campagne nationale en février 2005, ça bouge aussi dans le bon sens, puisque la proportion de « bien informés » progresse de 14 % pour atteindre 56 %. Les autres thèmes sur lesquels la population se sent convenablement informée sont le sida (85 %), la contraception (84 %) et le cancer (71 %). A l’inverse, 56 % et 63 % des personnes interrogées avouent être mal informées sur la pollution de l’air et de l’eau. Interrogés pour la première fois sur la dépression, seulement 44 % s’estiment informés.
Les principales craintes des Français restent les accidents de la circulation (58 %) et le cancer (54 %), suivies par la consommation de produits pollués ou transformés (43 %). Mais les proportions de personnes qui les redoutent connaissent des baisses significatives, respectivement de 7, 2 et 30 %.
Substances psychoactives : une dépendance persistante.
Le tabagisme, ne serait-ce que de temps en temps, a encore 30 % d’adeptes (33 % des hommes et 27 % des femmes), mais ils étaient 33 % en 2000. La baisse est sensible chez les 12-15 ans (– 41 %) et parmi les femmes (– 11 %), mais également dans la population masculine (– 9 %). Les plus dépendants restent nombreux, et on observe même une hausse de la consommation quotidienne, de 14 cigarettes en 2000 à 15 en 2005.
Pour l’alcool, 14 % boivent tous les jours de l’année – 7 % des femmes (1,8 verre par jour contre 2,6 pour l’homme) –, ce qui représente une chute de 29 % en cinq ans.
Le vin quotidien demeure la boisson la plus prisée (13 %), devant la bière (2 %) et les alcools forts (1 %). L’ivresse (14 %), phénomène masculin lié à la jeunesse, ne progresse pas, de même que la proportion de buveurs présentant un risque de dépendance (9 %).
L’usage du cannabis se stabilise chez les 15-25 ans à 48 %, tandis que 31 % des 15-64 ans avouent en avoir fumé au cours de leur vie, soit + 23 % en cinq ans. La proportion d’usagers réguliers (au moins 10 joints dans le mois) passe de 2 à 3 %.
Pour les autres substances illicites, la consommation occasionnelle des 15-64 ans ne dépasse pas 1 % pour chacune d’entre elles, à l’exception des poppers (4 %) ; l’usage de l’ecstasy et de la cocaïne, bien qu’il demeure à des niveaux très bas, est en hausse de 0,5 %.
Dépression : 8 %.
En matière de santé mentale, 8 % des Français ont souffert d’un épisode dépressif caractérisé au cours de l’année 2005. Les femmes sont deux fois plus affectées que les hommes. Dans la majorité des cas, des épisodes moyens ou sévères (7 %) et récurrents ou chroniques (5 %) sont en jeu. Les plus de 55 ans sont les moins exposés. Seulement 38 % des sujets dépressifs ont vu un médecin. Parmi ceux qui ont consulté, plus de deux sur trois ont bénéficié d’un traitement adapté, antidépresseurs (59 %), psychothérapie (28 %) ou millepertuis (2 %). Quatre sur cinq parlent d’amélioration, dont 18 % de guérison.
Le préservatif pour le premier rapport.
Le recours au préservatif lors du premier rapport sexuel est passé de 15 % avant 1988, à 86 % entre 2002 et 2005. La pilule arrive en tête (57 %), devant le stérilet (22 %) et le présevatif (21 %). La proportion de non-utilisateurs de moyens contraceptifs (1,5 %) n’évolue pas depuis 2000. La pilule du lendemain, disponible sur ordonnance en pharmacie depuis 1999, gagne du terrain, de 8,4 à 14 %. Toutefois, son délai maximal d’utilisation de soixante-douze heures est assez mal connu : 12 % des femmes et 7 % des hommes seulement y font référence.
Au total, pour le directeur général de l’Inpes, le Baromètre santé 2005 attire l’attention sur «l’existence d’une spécificité masculine». Philippe Lamoureux souligne «l’absence d’amélioration de la proportion de consommateurs fortement dépendants du tabac, de l’alcool et des drogues illicites, alors même que le nombre total d’usagers est en régression; et la persistance de comportements moins favorables à la santé que ceux des femmes dans d’autres domaines», comme la nutrition, la violence et les accidents, qui «doivent conduire à construire des modes d’intervention spécifiques tenant compte du genre».
* « Baromètre santé 2005. Premiers résultats », publié sous la direction de Philippe Guilbert et Arnaud Gautier, Editions Inpes, 170 pages, 18 euros.
Évolution des pourcentages de personnes âgées de 12 à 75 ans déclarant se sentir « bien » ou « très bien » informées entre 2000 et 2005 | ||
2000 | 2005 | |
Tabac | 86,1 | 91,8 |
Alcool | 81,1 | 87,2 |
Sida | 85,4 | 85,5 |
Contraception | 82,9 | 84,2 |
Cancer | | 70,9 |
Vaccination | 72,1 | 66,4 |
Alimentation | 62,2 | 62,4 |
IST (en dehors du sida) | 55,1 | 61,4 |
Cannabis | 41,6 | 56,3 |
Dépression | | 44,2 |
Pollution de lair | 47,7 | 43,2 |
Pollution de leau | 34,7 | 36,8 |
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