La vue au volant

Les Français pour un meilleur contrôle

Publié le 10/09/2006
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ON LES DIT souvent rétifs aux contrôles intempestifs, mais certains domaines sensibles font exception. Une écrasante majorité de Français (92 %) souhaitent que devienne obligatoire un test de vision avant le passage du permis de conduire ; et ils sont autant à désirer que la vue soit ensuite contrôlée de façon régulière (tous les deux à cinq ans). C’est ce qui ressort du baromètre annuel de la santé visuelle réalisé par l’institut Opinion Way pour l’Asnav (Association nationale pour l’amélioration de la vue), dans la perspective des prochaines Journées de la vision, du 10 au 14 octobre.

« Au volant, la vue, c’est la vie » : le slogan créé par l’Asnav dans les années 1960 est toujours de rigueur. Les problèmes de vue sont impliqués de façon non négligeable dans les accidents de la route, et il faut savoir que 8 millions des conducteurs – soit 20 % d’entre eux – ont une vision non ou mal corrigée, dont 1 million qui ont une acuité visuelle inférieure aux 5/10 requis pour le permis de conduire (l’un des trois critères d’incompatibilité avec la conduite dans ce domaine, avec l’étroitesse du champ visuel et l’incapacité à la vision nocturne*).

Ces chiffres, qui proviennent d’une enquête épidémiologique, sont édifiants. La mobilisation apparente de l’opinion aurait donc de quoi satisfaire les professionnels, qui attendent du gouvernement un sérieux coup de vis en matière d’évaluation du conducteur – quand la plupart des pays occidentaux ont déjà mis en place l’évaluation de la vue préalable au permis.

Une logique de prévention.

Pour Alain Dômont, professeur de santé publique et de santé du travail (hôpital Corentin-Celton, Issy-les-Moulineaux), et auteur d’un rapport sur l’aptitude médicale à la conduite, «une logique de prévention médicale s’installe» chez nos concitoyens, en particulier les femmes, que l’enquête révèle plus sensibilisées à ces problèmes. La fatigue visuelle est également mieux appréhendée par le public au long des années.

Toutefois, quelques bémols demeurent : un quart des conducteurs n’ont pas fait contrôler leur vue depuis deux ans. Et une certaine négligence reste courante parmi les personnes qui savent leur vue affaiblie. «Il y a encore trop de gens qui disent: “Mais j’y vois assez pour conduire”», souligne le Pr Amar, ophtalmologiste, qui pointe également la conséquence de la consommation de drogues (cannabis) et de médicaments (anxiolytiques, antidépresseurs) comme facteur aggravant. Une invitation à une toujours plus grande responsabilité du conducteur, en définitive aussi importante que tous les contrôles imaginables.

* L’arrêté du 21 décembre 2005, qui fixe la liste des affections médicales incompatibles avec l’obtention ou le maintien du permis de conduire, précise : pour la vision de loin, il y a incompatibilité si l’acuité binoculaire est inférieure à 5/10 ou si l’un des deux yeux a une acuité inférieure à 1/10 et l’autre une acuité inférieure à 6/10 ; pour le champ visuel, il y a incompatibilité si le champ binoculaire horizontal est inférieur à 120° ou le champ vertical inférieur à 60°.

Les journées de la vision

Du 10 au 14 octobre, 6 000 opticiens ouvriront leur porte au public pour des évaluations gratuites de la vue, à travers une batterie complète de tests : acuité, champ visuel... Un carton vert sera remis si aucun défaut n’est détecté ; un carton rouge, en cas de problème visuel. L’opération, à l’initiative de l’Asnav, est soutenue par de nombreux organismes, notamment la Sécurité routière et l’Ecole de conduite française.

www.journeesdelavision.info.

> CYRIL DOUILLET

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8005