L ES 1er et 2 juin 2001, une enquête IPSOS - Janssen-Cilag a évalué, sur 1 016 personnes constituant un échantillon représentatif de la population, les connaissances des Français en matière de diabète. Le questionnaire comprenait 4 items : « Dans une liste de cinq maladies, laquelle concerne selon vous le plus de patients en France ? », « Parmi ces cinq maladies, laquelle est à l'origine du plus grand nombre d'amputations ? », « Peut-on guérir du diabète ? », « A combien estimez-vous le nombre de personnes malades du diabète en France ? ».
« Au vu des résultats du sondage, le diabète apparaît comme une maladie encore mal connue », analyse le Pr André Grimaldi (hôpital de la Pitié-Salpétrière, Paris). Quand on soumet aux personnes interrogées une liste fermée de pathologies (diabète, infarctus, eczéma, maladie d'Alzheimer, épilepsies), ils ne sont que 41 % à donner la bonne réponse, en désignant le diabète comme celle qui touche le plus grand nombre de personnes. Pourtant, plus de 70 % déclarent connaître une personne atteinte par cette affection dans leur entourage. Le diabète n'est, en outre, identifié que par 4 Français sur 10 comme la maladie qui est à l'origine du plus grand nombre d'amputations non traumatiques. « Il faut ajouter que, certes, 65 % des personnes interrogées jugent, à raison, que le diabète est une affection dont on ne peut guérir, mais il reste que 35 % l'ignorent », souligne le Pr Grimaldi.
La morbidité de la maladie est également mal connue : seulement 18 % des personnes interrogées savent qu'il existe dans notre pays plus de 2 millions de patients touchés et 7 personnes sur 10 sous-estiment cette morbidité, parfois de façon majeure (10 % pensent que le nombre de personnes atteintes est compris entre 100 000 et 500 000).
Le niveau de connaissance paraît plus parcellaire encore si l'on considère de façon globale l'ensemble des réponses fournies aux quatre questions. Seulement 4 % de la population fournit une réponse exacte aux quatre questions et 16 %, à trois d'entre elles. Enfin, près de la moitié de la population (46 %) ne peut fournir au mieux qu'une bonne réponse.
Facteurs de risque et dépistage
Interrogés sur les facteurs favorisants des troubles glycémiques, les Français indiquent le facteur héréditaire comme premier déterminant (63 % des réponses). L'alimentation ne vient qu'en deuxième position (54 %) et devance la consommation d'alcool (14 %) et, surtout, la sédentarité (8 %), facteur essentiel qui semble encore mal connu.
L'enquête s'est enfin attachée à déterminer le niveau de dépistage dans la population française. 57 % des personnes interrogées déclarent avoir fait un dosage de leur glycémie au cours des cinq dernières années. Ce niveau varie sensiblement selon l'âge, se situant à 20 % chez les moins de 20 ans et s'élevant graduellement jusqu'à 70 % chez les plus de 45 ans.
Dépistage gratuit dans le Nord - Pas-de-Calais
Journée de dépistage gratuit dans quatorze villes, campagne de communication en direction des patients diabétiques : le conseil régional du diabète a décidé de miser sur l'information pour sensibiliser le public à cette maladie qui touche plus fortement le Nord - Pas-de-Calais que les autres régions.
De notre correspondante
L A région Nord - Pas-de-Calais paie un lourd tribut au diabète de type 2. Les malades - actuellement au nombre de 150 000 - y sont plus jeunes que dans les autres régions (39 % de moins de 55 ans, contre 31 % pour l'ensemble de la France). On y trouve plus d'obèses et plus d'hypertendus qu'ailleurs (63 %, contre 58 % en Ile-de-France d'après les données de l'URMEL). Les complications y sont aussi plus fréquentes : en particulier, les problèmes vasculaires et les insuffisances rénales, le diabète étant dans cette région la première cause d'insuffisance rénale nécessitant une dialyse.
Ces quelques chiffres rappelés par le Pr Pierre Fontaine, chef du service d'endocrinologie au CHRU de Lille, montrent bien le problème de santé publique que pose le diabète dans cette région. D'où la forte mobilisation de tous les partenaires concernés : union régionale des médecins d'exercice libéral (URMEL), union régionale des caisses d'assurance-maladie, diabétologues libéraux, référents hospitaliers, agence régionale d'hospitalisation, Maison du diabète, associations de malades, pharmaciens, etc. Regroupés au sein du conseil régional du diabète, ils multiplient les actions pour alerter le public. Après le succès du dépistage gratuit lancé en juin 2000 (4 000 personnes dépistées dans 10 villes), l'opération est renouvelée cette année dans 16 villes de la région. Sur chaque site, une équipe d'infirmières, de médecins et de diabétologues a été mobilisée pour réaliser un dépistage gratuit et informer le public. « L'intérêt de tels dépistages est d'engager le dialogue avec les patients en amont de la maladie, souligne le Dr Jean-Luc Mayeur, secrétaire de l'URMEL. En intervenant très tôt, on peut corriger certaines erreurs alimentaires et sensibiliser à la relation entre poids et diabète ou activité physique et diabète. »
Depuis plusieurs années, le dépistage du diabète gestationnel est systématiquement proposé aux femmes enceintes. 6 % d'entre elles présentent la pathologie. « Or on sait que 30 % d'entre elles auront un diabète dans les quinze ans qui suivent », souligne le Pr Pierre Fontaine.
Parallèlement à cette information grand public est lancée une vaste campagne de communication en direction des patients. Diffusée par les caisses d'assurance-maladie et les médecins de ville, une plaquette de quatre pages explique, témoignages à l' appui, comment « bien vivre avec son diabète » en menant une vie plus saine. Un message proche du malade pour l'inviter à accepter sa maladie et la prendre en main.
Lorsqu'on sait que 40 % des patients ne prennent pas régulièrement leurs médicaments, on mesure le travail d'éducation qui reste à faire. La campagne qui vient d'être lancée constitue une première étape dans ce domaine.
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