Soixante-neuf pour cent des personnes interrogées sont satisfaites de l'accord sur la consultation à 20 euros conclu entre la CNAM et les médecins généralistes, selon un sondage IFOP publié dans le dernier numéro de « l'Express » (1). Vingt-huit pour cent seulement des sondés se disent mécontents de cet accord et 3 % ne se prononcent pas. Les résultats de cette enquête d'opinion mettront sans aucun doute du baume au cur des généralistes, et du gouvernement, qui aurait pu redouter que l'augmentation accordée aux généralistes ne soit mal perçue par d'autres catégories de la population.
L'accord conclu entre les médecins et l'assurance-maladie continue, en outre, à provoquer des réactions dans le monde médical. L'Union nationale des omnipraticiens français (UNOF, qui regroupe les généralistes de la CSMF) et le Syndicat des médecins libéraux (SML) s'est félicitée de l'approbation de l'accord par le conseil d'administration de la CNAM (« le Quotidien » d'hier). Pour l'UNOF, « la juste rémunération, la prise en compte de la pénibilité liée aux heures de travail et la permanence des soins, l'alourdissement de la tâche administrative devront être au cur » des discussions qui vont maintenant s'ouvrir à différents niveaux. Même tonalité au SML, où l'on estime que cet accord « n'est que le préalable au lancement d'un processus de refondation conventionnelle qui doit passer par la négociation d'une convention unique pour tous les médecins ». Le syndicat du Dr Dinorino Cabrera insiste aussi sur la nécessité de traiter rapidement le problème de la nomenclature des médecins spécialistes et « celui du statut et des honoraires des pédiatres ».
L'Union syndicale des médecins des centres de santé se félicite de la revalorisation des honoraires « qui est un acquis légitime ». Cette organisation estime cependant que « la maîtrise comptable reste malheureusement l'axe de la politique sanitaire du gouvernement et de la CNAM ». La revalorisation du tarif de la visite - qui doit être progressivement porté à 30 euros - ne doit pas se faire sur le dos des patients, ajoutent en substance les médecins des centres de santé.
Rappelons que l'accord prévoit que les visites non justifiées médicalement seront remboursées sur la base d'une simple consultation (les médecins gardant la possibilité de facturer un dépassement d'honoraires qui ne serait alors pas pris en charge).
Par ailleurs, le bouillant directeur de la caisse primaire d'assurance-maladie (CPAM) de Nantes, Claude Frémont, ne désarme pas. S'il a dû « passer l'éponge » sur les cinq médecins généralistes sanctionnés pour avoir dépassé le tarif conventionnel en facturant les consultations à 20 euros avant que ce tarif ne fût officiel, il met en garde les médecins contre le non-respect de leurs engagements en matière de prescription.
Claude Frémont a gardé un souvenir amer du « précédent » de 1992 : le syndicat de médecins généralistes, MG-France, avait appelé les médecins à passer unilatéralement le tarif de la consultation de 90 à 100 F. Quatorze médecins furent alors poursuivis à Nantes, et les procédures abandonnées sitôt un accord conclu au niveau national avec la CSMF, qui s'engageait en échange à mettre en place un mécanisme de régulation des dépenses fondé sur des « contrats locaux d'objectifs médicalisés ». Il rappelle que cette revalorisation avait été suivie, l'année suivante, du plan Veil de redressement de la Sécurité sociale, baissant notamment le taux de remboursement de la consultation. « Il n'est pas question d'y voir une conséquence de la seule augmentation de la consultation, explique le directeur de la CPAM de Nantes. Mais à l'heure où l'on annonce un déficit de l'assurance-maladie de 5 milliards d'euros, il est simplement question de souhaiter que, dix ans après, les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets. Espérons, donc, encore une fois, que les engagements qui viennent d'être pris et ceux qui restent à prendre ne soient pas lettre morte, une fois de plus, une fois de trop. »
(1) Sondage réalisé les 6 et 7 juin auprès d'un échantillon représentatif de 945 personnes âgées de 18 ans et plus.
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