L'ostéoporose est une maladie grave et silencieuse pour laquelle des traitements efficaces existent. Les fractures ostéoporotiques entraînent une altération de la qualité de la vie, et même une dépendance en raison du handicap qu'elles entraînent, même après un tassement vertébral.
« Selon une étude anglaise publiée en 1999 dans le "Lancet", il existe une surmortalité après tassement vertébral, explique le Dr Dominique Bauer-Vinassac (Paris). On pensait jusqu'alors que le tassement vertébral n'entraînait qu'une augmentation de la morbidité, mais il associe également une surmortalité : 25 % des femmes décèdent dans l'année qui suit une fracture du col fémoral, démontrant bien la gravité de l'ostéoporose. »
Poignet, rachis, extrémité supérieure du fémur
L'ostéoporose se définit comme une maladie du squelette caractérisée par la diminution de la masse osseuse et des altérations de la microarchitecture osseuse qui entraînent une augmentation de la fragilité osseuse et du risque de fractures.
Les fractures ostéoporotiques surviennent au poignet à l'âge de 50 ans, les tassements vertébraux (TV) vers l'âge de 65 ans et de l'extrémité supérieure du fémur, vers 80 ans. « Toute fracture chez une femme ménopausée après un traumatisme minime devrait être considérée a priori comme ostéoporotique », souligne le Dr Bauer-Vinassac.
10 millions de femmes ménopausées
En France, on compte 10 millions de femmes ménopausées et 400 000 nouvelles femmes chaque année. On estime que 40 % des femmes ménopausées auront au moins 1 fracture ostéoporotique au cours de leur vie. A cet égard, les données épidémiologiques actuelles sont relativement éloquentes puisqu'on compte 50 000 fractures fémorales, de 45 à 65 000 TV , 45 000 fractures du poignet. De plus, les projections prévoient un triplement de ces fractures en 2040.
Quand penser à l'ostéoporose ?
On doit évoquer le diagnostic et la possibilité d'une ostéoporose systématiquement chez toute femme ménopausée, en particulier dans quatre circonstances :
- devant un tableau évocateur de fracture (dorsalgie ou lombalgie aiguë ), mais seuls un tiers des tassements vertébraux sont symptomatiques, ou fractures patentes (poignet, col, cotes...) ;
- devant une perte de taille supérieure à 3 cm ou une cyphose progressive qui font également évoquer un tassement vertébral asymptomatique (2/3 des cas) ;
- découverte fortuite sur une radiographie du rachis d'un aspect déminéralisé ;
- enfin et systématiquement, en recherchant par l'interrogatoire, l'existence de facteurs de risque de fractures ostéoporotiques que sont :
une densité minérale osseuse basse (à rechercher si ménopause non substituée, ménopause précoce, traitement hormonal faiblement dosé ou mal suivi, ovariectomie, corticothérapie prolongée) ;
risque de fractures indépendamment de la masse osseuse :
- antécédent personnel de fracture après 50 ans ;
- antécédent familial de fracture ;
- tabagisme ;
- indice de masse corporel faible inférieur à 20 ;
- ou lorsque les marqueurs de remodelage osseux sont élevés ;
- et, enfin les facteurs de risque de chute (les troubles de la vision, utilisation trop prolongée de benzodiazépines, les maladies neurologiques).
« Les risques associés aux antécédents de fractures sont également élevés, explique le Dr Dominique Bauer-Vinassac. Après une fracture du poignet, le risque d'une nouvelle fracture est multiplié par 3,3, celui de fracture vertébrale par 1,7 et par 1,9 celui du col du fémur. Un tassement vertébral multiplie par 5 le risque d'un nouveau tassement vertébral. Enfin, 20 % des femmes qui ont présenté un tassement refont un tassement dans l'année qui suit. »
La densité minérale osseuse par rayons X doit donc être proposés aux femmes ménopausées dans les trois à cinq ans si elles ne prennent pas de traitement hormonal substitutif, dans les cinq à dix ans si le traitement hormonal substitutif s'associe à un autre facteur de risque et dès l'existence d'une fracture même si le THS est instauré. Les sites anatomiques à mesurer sont le rachis, le col fémoral et le poignet lorsqu'on est proche de la ménopause, et essentiellement le col fémoral et le poignet quand on est à distance puisque les images du rachis sont difficilement interprétables par l'arthrose et la scoliose. Ces mesures, si elles sont réalisées de façon systématique, doivent conduire à une diminution de l'incidence des conséquences de l'ostéoporose.
D'après un atelier parrainé par lesLlaboratoires MSD-Chibret
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