MIS SUR LE MARCHÉ français en novembre 2006, le premier vaccin antipapillomavirus humain (HPV)* peut s'adresser aux filles et aux femmes de 9 à 26 ans. Mais à quel âge et dans quelles conditions le recommander dans une optique de santé publique ? Le Conseil supérieur d'hygiène publique de France (Cshpf) s'est donné le temps de la réflexion : après un premier avis en décembre, il publie, avec le Comité technique des vaccinations (CTV), ses recommandations circonstanciées, qui replacent la question de la vaccination HPV dans l'ensemble de la prévention du cancer du col**.
Les deux instances soulignent en effet la nécessité d'un dépistage généralisé des lésions précancéreuses et cancéreuses du col et d'actions d'information et de formation des professionnels de santé, sur la complémentarité de la vaccination et du dépistage ainsi que sur la façon d'aborder le thème de la sexualité avec leurs jeunes patientes.
Car c'est la vaccination des filles de 14 ans, pour les protéger avant qu'elles ne soient exposées au risque de l'infection HPV, que recommandent le CTV et le Cshpf. Ils estiment qu'il faut aussi proposer le vaccin aux filles et aux femmes de 15 à 23 ans qui n'auraient pas eu de rapports sexuels ou, au plus tard, dans l'année suivant le début de la vie sexuelle ; proposition qui pourrait être faite notamment à l'occasion d'une primo-prescription de contraception ou d'un recours à la pilule du lendemain. L'avis se prononce également pour un dispositif permettant la prise en charge financière des adolescentes souhaitant être vaccinées sans avis parental.
L'avis souligne que le médecin devrait, avant la vaccination, expliquer un certain nombre de points : «La nécessité et les modalités du dépistage, le schéma de vaccination, l'absence préférable de grossesse au cours du mois suivant chaque injection, l'absence d'efficacité sur la prévention d'environ 30% des cancers, l'éventualité qu'un rappel devienne nécessaire.» Il suggère que soit remis un document écrit précisant la date à laquelle devrait être fait le premier dépistage. Le CIV et le Cshpf recommandent enfin que des études d'impact en santé publique soient menées, entre autres sur la durée de protection, sur la surveillance des malformations congénitales chez les enfants des femmes qui auraient été vaccinées par erreur pendant la grossesse et sur l'incidence des lésions cancéreuses et précancéreuses. Et ils recommandent que soit créé un centre national de référence consacré aux papillomavirus.
Les gynécos satisfaits.
Les professionnels, par la voix du Pr Jacques Lansac, président du Collège des gynécologues et obstétriciens français (Cngof), se déclarent «très satisfaits» des recommandations, «car ce sont non seulement les adolescentes qui vont tirer le plus grand bénéfice de la vaccination avant tout contact avec le virus, mais également les jeunes filles et les jeunes femmes plus âgées, pour lesquelles le risque d'infection est maximal».
Reste la question du remboursement, que Xavier Bertrand a promis «avant le mois de juillet». Le Cngof espère qu'il permettra à toutes les jeunes filles de bénéficier du vaccin, quelle que soit leur situation financière.
Comme le Cshsf, le Collège des gynécologues rappelle l'importance du dépistage : «La règle du dépistage du cancer du col par le frottis cervico-vaginal fait tous les trois ans à toutes les femmes de 25 à 65ans reste inchangée.» Chaque année, un cancer du col est diagnostiqué chez 3 300 femmes et plus de 1 000 en meurent, tandis que 40 000 lésions précancéreuses sont traitées. Le coût direct annuel du dépistage, avec 6 millions de frottis, de la prise en charge de ces derniers, lorsqu'ils sont anormaux (3,9 %), et des traitements des lésions précancéreuses, s'élèverait à 196,5 millions d'euros pour l'assurance-maladie. Jeudi prochain, le siège de l'Unesco, à Paris, accueillera le premier sommet sur le cancer du col utérin, et une charte sera signée dans laquelle les participants s'engageront à faire de la lutte contre ce cancer l'une des priorités du programme de santé mondial.
* Gardasil, sanofi-pasteur MSD. Un autre vaccin anti-HPV, Cervarix (GSK), devrait être bientôt commercialisé.
** Avis disponible sur www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/cshpf/.
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