C’est une rumeur persistante qui circule depuis plusieurs mois et qu’on répète avec un air fataliste comme un avertissement. À la faculté de médecine de Tours, il n’y aurait plus un seul étudiant en deuxième année, mais plus que des étudiantes ! Renseignements pris auprès du service de la scolarité de cette université, c’est complètement faux. Sur les 1 260 inscrits en PCEM1 à la rentrée 2009, on compte 761 filles. Une répartition comparable en deuxième année : 149 étudiantes et 110 étudiants. Bien malin qui pourrait dire d’où vient cette fausse information. Mais ce « fake » en dit long sur les inquiétudes que continue de susciter la féminisation de la profession médicale. Encore, au début des années 2000, responsables syndicaux, ordinaux et politiques n’hésitaient pas à évoquer ouvertement les « dangers » qu’allait faire courir la féminisation à l’offre de soins. En 1999, le CNOM estimait qu’il faudrait « trois médecins femmes pour remplacer deux médecins hommes qui partent à la retraite »...
Ce discours est désormais en partie remis en cause. Entre temps, les multiples études sur la démographie médicale entreprises dans les années 2000 ont montré que les comportements, le temps de travail et les modes d’exercice des femmes et des hommes médecins se rapprochent et vont probablement finir par se confondre en même temps que la parité sera atteinte.
39% des médecins sont des femmes
Actuellement, 39 % des médecins en activité sont des femmes. Mais depuis 2001, les étudiantes sont majoritaires à l’obtention du diplôme de médecine et aujourd’hui les deux tiers des étudiants sont des étudiantes. En médecine générale, elles représentent 43 % des effectifs, mais moins de 30% en libéral. Mais déjà les deux tiers des internes de médecine générale sont des femmes. Ainsi, selon les dernières projections de l’ONDPS, en 2030, les femmes représenteront 53,4 % de l’ensemble des médecins et 56,4 % des généralistes. Conséquence de cette évolution, les femmes médecins sont plus jeunes en moyenne que les hommes (48 ans contre 52 ans).
Compte tenu de ces évolutions, les spécificités prêtées à l’exercice médical au féminin ne seraient-ils pas davantage les caractéristiques d’une génération ? Et si la féminisation ne faisait que mettre en lumière les aspirations des jeunes ? « La féminisation de la médecine a favorisé une prise de conscience de la part des confrères masculins qui ne travailleront plus dans les mêmes conditions que les générations antérieures » notait en 2006 le Dr Irène Kahn-Bensaude, dans un rapport du CNOM sur la « féminisation de la profession, une chance à saisir ». Dans cette optique, Le Généraliste a passé au crible 15 idées reçues sur les femmes médecins (cliquez ci-dessous pour y accéder). Quitte à remettre en question certains clichés sur les généralistes au féminin...
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature