« DEUX ELEMENTS sont essentiels à une bonne santé sexuelle, des relations équitables et le sentiment de satisfaction. » Le principe, énoncé en 2001 par le gouvernement anglais, a peu été pris en compte, car les stratégies mises en place jusqu'à présent en matière de sexualité s'orientent davantage vers la lutte contre les comportements à risque et les maladies sexuellement transmissibles. Utilisant les données d'une enquête nationale sur les comportements sexuels et le style de vie (National survey of sexual attitudes and lifestyles, Natsal 2000), l'étude publiée dans la revue « Maladies sexuellement transmissibles » (groupe BMJ) a tenté d'identifier les facteurs socio-démographiques ou comportementaux les plus fortement associés aux troubles de la sexualité.
La moitié des femmes.
Entre mai 1999 et février 2001, 11 161 résidents anglais âgés de 16 à 44 ans ont été interrogés sur d'éventuels problèmes concernant leur sexualité, occasionnels (pendant au moins un mois lors de l'année écoulée) ou persistants (six mois et plus au cours de l'année écoulée).
Une étude préliminaire avait déjà montré une forte prévalence des plaintes dans cette population jeune et sexuellement active. Près de la moitié des femmes et un tiers des hommes se plaignent de problèmes comme le manque d'intérêt pour les relations sexuelles, l'anxiété avant les rapports, nourrie par la peur de ne pas être à la hauteur, la peur de ne pouvoir atteindre l'orgasme, la peur d'une douleur physique pendant les rapports ou encore la dysfonction érectile chez l'homme et la sécheresse vaginale chez la femme. La forte prévalence des troubles et leur influence sur la qualité de la vie sexuelle - « Beaucoup évitent les rapports » - n'impliquent pas une recherche systématique d'aide. « Ils souffrent en silence », résume un éditorial de David Goldmeier et S.R. Leiblum.
Pour mieux les connaître, les auteurs ont poussé plus avant leurs analyses. Avec l'âge, les troubles tendent à devenir persistants dans les deux sexes. Les femmes sont plus touchées que les hommes et, parmi elles, les femmes mariées plus que les célibataires. La présence d'un jeune enfant à la maison favorise la survenue des troubles.
Chez les hommes, le fait d'être marié ou de vivre maritalement plutôt qu'en célibataire est associé à une moindre fréquence des troubles. A contrario, une consommation d'alcool excessive, la présence d'une IST dans les cinq ans qui ont précédé l'enquête ou l'impression d'être en mauvaise santé sont associées à un prévalence plus élevée des troubles.
Quels que soient l'âge et le sexe, les problèmes (occasionnels ou persistants) sont plus souvent rapportés lorsque existent une mauvaise première expérience (se sentir incompétent), une difficulté à parler de sexe avec son partenaire.
Dans leurs commentaires, les auteurs précisent bien que le problème le plus évoqué, par les femmes par exemple, « le manque d'intérêt pour la sexualité », ne peut être considéré comme une dysfonction mais la plupart de celles (et ceux) qui s'en plaignent déclarent le plus souvent vouloir des rapports plus fréquents. Leur absence de désir est bien ressenti comme un problème. On peut s'interroger, suggèrent les auteurs, sur l'influence des médias qui, dans une certaine mesure, exacerbent nos attentes sur nos propres performances ou celui du partenaire. Selon eux, l'intérêt de l'étude est de souligner l'importance de la relation entre partenaires dans le mécanisme des troubles de la sexualité. Les guides de bonnes pratiques, à l'usage de ceux qui sont impliqués dans le conseil psychologique en matière de sexualité, devraient en tenir compte.
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