Des résultats à l'échelle européenne

Les facteurs de MSN sont confirmés

Publié le 18/01/2004
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« LE RISQUE de MSN peut être substantiellement diminué en plaçant les bébés en décubitus dorsal, avec une grenouillère pour seule garniture de lit, comme cela a été recommandé par la US Consumer Products Safety Commission, écrivent R. G. Carpenter et coll. dans leurs conclusions. « Cette recommandation prévient aussi le risque associé à l'usage d'un duvet et pourrait réduire celui d'un chauffage trop important, car l'hypersudation a été associée à la tête recouverte. »
A la fin des années 1980, on a assisté à une augmentation importante des taux de MSN en Europe et particulièrement en Norvège. Quatre grandes études épidémiologiques cas contrôle ont été menées. A la suite de cela, une société européenne d'étude de la MSN a fondé, en janvier 1994, la «  European Concerted Action on Sids (Ecas) », dont l'une des activités est de réunir l'ensemble des données pour établir les facteurs de risque et leurs interactions.

20 centres répartis en Europe.

Les membres de l'Ecas publient aujourd'hui une nouvelle étude cas contrôle réalisée dans 20 centres répartis en Europe, de la Norvège à la Catalogne et de l'Ukraine à l'Irlande. Une soixantaine de variables ont été prises en compte.
Les observations ont été associées à celles des travaux précédemment publiés, dont les quatre premières études.
Les enregistrement portent sur 745 cas de MSN documentés, recensés dans ces centres, qui ont été analysés en regard de 2 411 enfants contrôles vivants. Les odds ratio (OR) ont été calculés et ajustés par modèles multivariés.
Les résultats permettent de dégager différents facteurs de risque connus, qui exercent une action indépendamment les uns des autres.
Cette étude européenne montre que le fait de coucher le bébé en position ventrale constitue un important facteur de risque, assorti d'un OR de 13,1, et encore plus lorsque l'enfant est mis en position de décubitus latéral et se tourne sur le ventre, où l'OR est alors de 45,4. La position sur le côté est peu stable, moins que celle sur le dos. Pendant l'observation d'un sommeil de référence, 61 % des enfants mis sur le côté ont bougé, par rapport à 12 % des contrôles laissés sur le ventre.

Se tourner sur le ventre.

Le fait de couvrir la tête du nourrisson, accidentellement ou délibérément, est aussi un facteur qui augmente le risque de MSN. Pour les auteurs, « les risques associés au fait de se tourner sur le ventre ou d'avoir la tête couverte relèvent de mécanismes identiques ».
« Environ 48 % des cas de MSN qui sont recensés sont attribuables à la position en décubitus latéral ou ventral et 12 % au fait de le placer sur le côté », indiquent les auteurs.
Par ailleurs, le risque est accru de façon considérable en cas de tabagisme des adultes et surtout lorsque la mère est fumeuse et que l'enfant partage son lit, surtout pendant les deux premières semaines de la vie.
A deux semaines, l'OR est en effet de 27 dans une telle situation. Dans ce cas, le risque est pour une part lié à la consommation d'alcool. A cet égard, R. G. Carpentier remarque que « la consommation d'alcool de la mère n'est significative que quand le bébé partage son lit pendant la nuit entière (OR augmenté de 1,66 pour l'équivalent d'un apéritif consommé) ».
Chez les mères qui n'ont pas fumé pendant la grossesse, le risque de MSN n'est que peu augmenté en cas de partage du lit (OR de 2,4 à deux semaines) et uniquement avant huit semaines d'âge. « Environ 16 % des cas sont à attribuer au partage du lit. »
Concernant les facteurs socio-économiques, l'analyse multivariée ne montre pas d'augmentation du risque en cas de chômage, même si les deux parents sont concernés.

« The Lancet », vol. 363, 17 janvier 2004,pp. 185-191.

Un lien avec le système sérotoninergique

D'après plusieurs auteurs américains, des anomalies dans le développement du système sérotoninergique pourraient augmenter le risque de mort subite du nourrisson. Kinney et coll. (Harvard Medical School) ont observé que le nombre de récepteurs à la sérotonine est anormalement faible dans le cerveau de bébés victimes de cette affection.
Un lien entre la mort subite du nourrisson et des défauts dans la régulation de l'homéostasie du dioxyde de carbone a été également proposé. Or, selon Richerson et coll. (université de Yale), les neurones sérotoninergiques auraient un rôle dans le maintien de l'homéostasie du dioxyde de carbone, via le contrôle qu'il exerce sur le pH.
Des méthodes d'étude non invasives devront être mise au point pour vérifier ces hypothèses in vivo chez les enfants à risque.

E. B.
http://gateways.bmn.com/magazine.

Dr BEATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7458