Un groupe d’experts vient de proposer dans « The Lancet Neurology » une nouvelle définition de la maladie d’Alzheimer (MA) qui prend en compte les progrès de la recherche. « On dépoussière la définition de la maladie », se félicite le Pr Bruno Dubois, premier signataire de l’article et directeur du nouvel Institut de la mémoire et de la maladie d’Alzheimer. La nouvelle approche sort la MA du cadre de la démence et intègre une signature « biologique », permettant un diagnostic clinico-biologique et non plus seulement anatomo-clinique. La présence de troubles épisodiques de la mémoire, ainsi qu’au moins l’un des critères paracliniques suivant : atrophie de l’hippocampe à l’IRM, taux anormal de biomarqueurs (protéine tau, Aß) dans le LCR, métabolisme réduit dans certaines régions du cerveau en imagerie fonctionnelle, suffisent à poser le diagnostic. Ainsi « il n’est plus nécessaire d’attendre l’examen post-mortem pour confirmer le diagnostic qui peut désormais être posé chez les patients vivants de façon sûre (avec une spécificité proche de 100 %) et plus précoce » souligne le Pr Dubois.
Préparer l’avenir
Mais, tant que l’on ne dispose pas de traitements efficaces, quel est l’intérêt de cette démarche ? « Nous préparons l’avenir, répond le Pr Dubois. Si aujourd’hui, il n’y a pas d’urgence à ce que nos confrères se spécialisent dans le diagnostic précoce, il faut pouvoir être prêt le moment venu. Surtout que nous sommes passés d’une phase de médicaments symptomatiques à des médicaments qui agissent sur la cascade physiologique conduisant à la formation de la plaque amyloïde ». Et si les résultats des travaux en cours sont à la hauteur des espérances, il faudra pouvoir identifier avec certitude les patients éligibles à ces traitements physiologiques.
Autre intérêt de la définition : reconnaître rapidement la maladie d’Alzheimer chez les sujets jeunes (moins de 65 ans), qui sont environ 20 000 en France. Pour le Dr Dubois, ils doivent pouvoir être informés au plus tôt afin d’organiser leur avenir professionnel et personnel.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature