«IL FAUT bien garder son sang-froid, c’est une grippe animale», a rappelé Xavier Bertrand. Le ministre de la Santé soulignait lundi que la panzootie «touche des oiseaux sauvages» et qu’ «il n’y a nulle part de transmission de l’homme à l’homme.»
En Grèce, où le virus H5N1 a été détecté sur trois cygnes morts ainsi que sur une oie sauvage morte, des inquiétudes avaient été exprimées sur le cas d’un adolescent de 15 ans hospitalisé après avoir manipulé à mains nues des oiseaux, à Salonique, avec des symptômes évocateurs de la grippe aviaire, mais les deux séries d’examens pratiqués au centre grec de contrôle et de prévention des maladies ont révélé que l’adolescent n’était pas porteur du virus.
En revanche, l’inquiétude persistait lundi concernant un chasseur de 29 ans, isolé dans une unité spéciale de l’hôpital Papanicolaou de Salonique.
Une unité antipanique à Rome.
Dans plusieurs pays, la psychose gagne. Elle a commencé à toucher l’Italie, où un sixième cygne mort de la grippe aviaire a été découvert dans le sud du pays. A Rome, pourtant jusque-là à l’écart des zones contaminées (Messine et la Sicile), des dizaines de personnes ont alerté les forces de sécurité pour signaler des cas d’oiseaux morts, une dizaine de volatiles (un canard, deux merles et sept étourneaux) ont été emportés par les services vétérinaires de la capitale pour examen. Plusieurs unités de crise ont dû être activées dans la péninsule, avec, selon le quotidien « Il Messaggero », une unité antipanique et un numéro gratuit mis à disposition de la population. La crainte des autorités, à l’instar de celles de l’UE, est que le virus hautement pathogène ne contamine les élevages.
Comme la Grèce, la veille, et la Slovénie, le lendemain (où un cygne contaminé par le H5 a été trouvé mort à proximité de la frontière autrichienne), l’Italie a mis en place les mesures qui avaient été discutées préventivement en décembre par les 25 : dans une zone d’un rayon de trois kilomètres, dite de « protection » et considérée comme à « haut risque », les volailles sont confinées, leur transport est interdit (exception faite en direction des abattoirs) et les viandes ne peuvent quitter le périmètre qu’avec le feu vert des autorités sanitaires. Un contrôle renforcé est par ailleurs mis en place dans un rayon de dix kilomètres, avec une surveillance de toutes les exploitations avicoles, l’interdiction de marchés d’animaux vivants, des consignes d’hygiène et de désinfection plus strictes, avec une campagne d’information sur la maladie. A l’intérieur des deux périmètres, la chasse est naturellement interdite.
D’autres pays européens envisagent de revoir à la hausse le niveau de leur dispositif de précaution. C’est le cas de la Belgique, où un cygne a été retrouvé mort dimanche à Lommel (nord-est). La Belgique avait adopté des mesures de confinement en novembre, qu’elle avait assouplies en décembre, autorisant la sortie des volailles, mais imposant de les nourrir à l’intérieur, pour éviter tout contact avec la faune sauvage.
1 600 vétérinaires formés au dépistage en France.
En France également, le ministre de l’Agriculture et de la Pêche, Dominique Bussereau, n’excluait pas d’arrêter une mesure plus large de confinement dès le milieu de la semaine, en fonction de l’estimation de l’Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments). L’agence étudie le trajet des oiseaux migrateurs, la nature des départements, la géographie, mais aussi la présence d’étangs, de lacs, de fleuves, d’estuaires. C’est en application de son précédent avis, rendu le 15 janvier, que le confinement a été étendu de 36 à 58 départements sur 96. Le niveau de surveillance a été accru, plus de 1 600 vétérinaires libéraux étant spécialement formés pour le dépistage de l’influenza aviaire. L’une des principales zones de transit des oiseaux migrateurs en France, le parc naturel régional de Camargue, fait l’objet d’une surveillance sanitaire renforcée sur ses 80 000 hectares de zones humides où transitent annuellement un million d’oiseaux appartenant à trente-sept espèces. Selon un responsable du parc, alors que, au début de février, on a commencé à observer des «mouvements des espèces les plus touchées (cygnes, canards et oies) , avec une accélération des migrations prénuptiales en provenance d’Afrique, on se fie aux deux suivis menés quotidiennement et qui, jusqu’à présent, sont négatifs sur tous les animaux testés».
L’Allemagne pourrait également décider la claustration de ses volailles avant la date prévue du 1er mars, après la découverte d’un cygne mort porteur d’un virus de la grippe aviaire en Slovénie, près de la frontière autrichienne.
Hors frontières de l’UE, le virus frappe encore : en Bulgarie, le H5 (pas nécessairement sous sa forme hautement pathogène) a été identifié pour la quatrième fois sur un cygne mort, dans la banlieue de Bourgas, dans l’est du pays, non loin d’un élevage de volailles. Des résultats restent attendus pour la fin de la semaine, sur deux autres cygnes morts retrouvés près du lac de Chaba (nord-est).
En Roumanie, la présence du H5 a été confirmée dans un vingt-neuvième foyer du pays, dans le village de Topraisar (sud-est). Dans cette région, les autorités recherchent activement une dizaine de Rom qui auraient acheté plusieurs poules atteintes de grippe aviaire.
Face à la panzootie en plein essor, les experts de l’UE réunis aujourd’hui et demain à Bruxelles ne devraient pas modifier la nature de leurs directives. La Commission pourrait décider de leur application automatique, sitôt la détection d’un oiseau migrateur contaminé. Selon Philippe Tod, porte-parole du commissaire européen à la Santé, Markos Kyprianou, «l’important, c’est que les Etatsmembres appliquent les mesures prévues dans le cadre communautaire sans hésitation. Les citoyens peuvent être assurés queles mesures nécessaires sontprises immédiatement dans les pays concernés. Tous les membres restent cependant libres d’aller plus loin, s’ils le jugent nécessaire, d’autant que, conformément à une décision prise en novembre, il leur appartient de réévaluer le risque en permanence».
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