« On peut distinguer deux catégories de patients dyspeptiques (satiété précoce, nausées, pesanteur, sensation de digestion lente…) : ceux dont les symptômes sont liés aux repas (2/3 des patients) et ceux qui sont gênés de manière quasi-permanente. Pour ces derniers, il n’y a pas de lien entre les symptômes et l’alimentation et il n’y a lieu de leur prescrire un régime particulier. Pour les autres, il apparaît que dans environ 40% des cas, leur vidange gastrique se déroule beaucoup plus lentement que la normale… » explique le Pr Philippe Ducrotté (CHU Rouen).
Parmi les aliments pouvant jouer un rôle déclenchant ou aggravant sur les symptômes, l’effet délétère potentiel des lipides est fréquemment souligné.
Fractionner les repas et réduire l’apport de lipides
« Ainsi, trois mesures paraissent utiles : la fragmentation de l’alimentation avec la prise de petits repas, la diminution de l’apport en fibres et la réduction de la teneur en lipides des repas. Un autre élément important à prendre en compte concerne la relation entre l’élévation de la glycémie post-prandiale et la vitesse de vidange : plus la glycémie s’élève et plus la vidange est lente. Il faut donc également essayer de réguler la glycémie et conseiller de perdre du poids. Toutes ces mesures sont en général, bien acceptées » souligne le Pr Philippe Ducrotté. Par ailleurs, certains patients se disent souvent intolérants à tel ou tel aliment. Aucune étude n’a permis d’établir formellement l’existence d’une réelle intolérance alimentaire chez les patients dyspeptiques. Au cours de la dyspepsie, l'estomac proximal n'assure pas correctement son rôle de réservoir chez environ 40 % des malades. Dans ces conditions, l'arrivée brutale d'aliments en quantité importante va entrainer une hyperpression intragastrique brutale, source d'inconfort. Au moins dans ce groupe de patients, la recommandation de manger lentement et bien mastiquer les aliments est probablement pertinente.
Manger lentement
Dans le reflux gastro-oesophagien (RGO), il existe des arguments essentiellement manométriques ou pHmétriques pour considérer que certains aliments (café chocolat…) pourraient favoriser le RGO. Mais le niveau de preuve de l'utilité clinique (amélioration des symptômes) de l'exclusion de ces aliments est très faible. Comme pour la dyspepsie, il semble logique de limiter les apports en lipides et fractionner les repas car certains patients ont une vitesse de vidange gastrique lente. Comme dans la dyspepsie, il paraît utile qu'ils mangent lentement et mastiquent bien les aliments.
La relation entre reflux et surpoids est par ailleurs bien établie. Il faut donc conseiller au patient de perdre quelques kilos. En cas de symptômes nocturnes, il faut absolument bien différer l’heure du coucher : trois heures après le dîner.
La surélévation de la tête du lit à 45 °est une mesure qui a démontré son efficacité, mais en pratique, elle est quasi-inapplicable.
« Enfin, le RGO est une complication assez fréquente chez les personnes pratiquant des sports d’endurance. Il faut leur conseiller de courir plutôt avec l’estomac vide (prendre le petit déjeuner bien avant le départ) et éviter les boissons énergisantes hypertoniques en cours de course. » conseille le Pr Philippe Ducrotté.
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