L'ARRET DU TABAC améliore les manifestations respiratoires provoquées par la fumée. Rien de très surprenant à cela, si ce n'est qu'aucune étude scientifique n'avait, jusqu'à présent, prouvé ce que la sagesse populaire dicte de manière intuitive. Voilà tout l'intérêt de l'étude de Thomas Bergen, médecin de l'université de Bergen, qui, en suivant une cohorte de 2 819 Norvégiens, deux fois à onze ans d'intervalle, a pu mesurer les taux de rémission spontanée de diverses manifestations respiratoires et les bienfaits supplémentaires à l'arrêt du tabagisme.
L'enquête, commencée en 1985, a d'abord établi la prévalence des toux, matinales, des toux grasses ou des toux chroniques chroniques, de l'essoufflement et du caractère sifflant de la respiration. Puis les auteurs ont recherché la disparition ou la persistance de ces troubles onze ans plus tard. Par ailleurs, les caractéristiques démographiques habituelles (sexe, âge, niveau d'éducation), le statut tabagique des sujets et son évolution dans le temps, ainsi qu'une éventuelle exposition à une pollution de nature professionnelle ont été répertoriés.
Dans la population générale de 1985, 20 % des individus signalaient soit une toux, matinale ou grasse, soit une respiration sifflante, et 10%, une toux chronique. Onze ans plus tard, les taux de rémission étaient d'environ 40 % pour la toux matinale et de près de 60 % pour la toux chronique.
Les manifestations respiratoires étaient plus fréquentes chez les fumeurs et ex-fumeurs que chez les non-fumeurs. Cette fréquence était d'autant plus élevée que la consommation tabagique était importante.
L'équipe a ensuite classé les individus en fonction des modifications de leurs habitudes tabagiques. En effet, 293 sujets fumeurs avaient cessé de fumer onze ans plus tard, alors que 135 non-fumeurs ou ex-fumeurs s'étaient mis au tabac. Ce sont les manifestations en rapport avec la toux qui bénéficient le plus de l'arrêt du tabagisme. Alors que, dans la population globale, le taux cumulé de rémission est de 42,3 % pour une toux matinale et de 58,4 % pour une toux chronique, ces taux sont respectivement à 72,2 % et 73,8 % chez les sujets qui ont arrêté de fumer. Ces derniers ont six fois plus de chances de voir disparaître la toux matinale ; et 3,5 fois plus pour la toux chronique. La toux grasse a une chance de rémission multipliée par 2,5.
L'étude montre par ailleurs que l'exposition de nature professionnelle aux poussières et aux fumées industrielles diminue sérieusement les chances de voir disparaître les manifestations respiratoires, que ce soit chez les fumeurs ou les non-fumeurs.
« European Respiratory Journal », 2004, vol. 23, n° 4.
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