APRES DEUX REUNIONS de la Commission nationale des études médicales (Cnem), l'offre par spécialité des postes d'internat continue d'alimenter la polémique. Réunie le week-end dernier en assemblée générale à Marseille, l'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) a déposé un préavis de grève pour le 6 avril. Elle conteste la répartition pour moitié entre la médecine générale et les autres spécialités des 4 803 postes d'internat envisagés par le ministère de la Santé. D'abord, cette prévision de 4 803 postes lui semble « hypothétique et excessive » puisque le nombre total d'étudiants inscrits aux ECN ne sera connu qu'à la mi-avril. Mais, plus que tout, c'est l'ouverture programmée de 2 400 postes de médecine générale qui irrite l'association. L'Anemf redoute en particulier qu'un millier de postes de médecine générale ne soient pas pourvus à l'issue de la prochaine procédure de choix de spécialité. Au détriment d'autres disciplines. « Cette répartition ne répond pas aux réalités démographiques, affirme Guillaume Muller, président de l'Anemf . Elle crée des coupes brutales dans certaines filières qui sont de fait menacées de mort. »
L'Anemf veut des garanties.
Cette année, la répartition des postes d'internat n'a rien d'une sinécure. Et pour cause. Le ministère de la Santé a dû tenir compte des engagements pris par Philippe Douste-Blazy en faveur de la psychiatrie (300 postes) et de la chirurgie (550 postes). Il a dû calmer les spécialités fâchées des premières propositions de la DGS comme la pédiatrie, la médecine du travail et la santé publique. Sans doute pensait-il avoir trouvé la parade en proposant l'ouverture de quelque 400 postes supplémentaires. Lesquels devaient permettre de faire coup double. D'une part, en rassurant les spécialités qui redoutaient une baisse draconienne du nombre d'étudiants formés dans leur discipline. D'autre part, en conservant la répartition de 50 %-50 % promise aux internes de médecine générale lors de récentes négociations avec l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG), opposée à la convention médicale.
Malgré cette « rallonge », le calme n'est pas revenu. L'Anemf réclame maintenant une nouvelle répartition « plus pragmatique des postes, fondée sur les conclusions de l'Observatoire de la démographie des professions de santé (Ondps) : 44 % pour la médecine générale et 56 % pour les autres spécialités ». Les étudiants demandent des garanties quant au maintien de la procédure de choix de la spécialité d'internat en amphithéâtre. Ils souhaitent la mise en place d'un stage de médecine générale dès le deuxième cycle et l'ouverture de discussions sur les modalités d'un « redoublement » aux épreuves classantes nationales (ECN). L'Anemf indique qu'elle maintiendra son préavis tant que toutes ses revendications n'auront pas reçu un écho positif du ministère de la Santé.
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