QUELQUES APPLAUDISSEMENTS, des explosions de joie et des crises de larmes. La tension qui règne dans le complexe de Lognes, en Seine-et-Marne, est palpable. Les 700 étudiants qui se succèdent chaque jour depuis la semaine dernière et jusqu'à mercredi pour choisir leur spécialité appréhendent différemment l'événement. Certains discutent, en attendant leur tour, sans se soucier des postes encore disponibles. D'autres croisent les doigts pour que le dernier poste de spécialité chirurgicale à Lille ne leur passe pas sous le nez. Au fond de la salle, Gaëlle et Lucile patientent, «sans stress». Elles sont suffisamment bien classées pour obtenir un poste de médecine générale à Lyon et Grenoble. Un peu plus loin, Aurélie, isolée, suit la procédure attentivement. Elle doit faire son choix un peu plus tard dans la journée, mais elle est venue en avance. «Je souhaite rester dans ma ville, à Nantes, dit-elle. Il me reste quelques postes de médecine du travail, santé publique et psychiatrie, mais je vais opter pour la médecine générale.» La médecine générale ? Une discipline devenue spécialité, avec la création d'un DES en 2004, mais qui peine à attirer les premiers classés aux ECN. Lors des trois premiers jours de l'amphithéâtre « de garnison » – telle qu'est baptisée la procédure de choix de spécialité –, seulement 296 étudiants sur plus de 2 000 ont opté pour la médecine générale. «C'est vrai, la médecine générale souffre toujours de son image, mais les choses commencent petit à petit à changer», commente Jean Wolfarth, trésorier de l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG).
«Cette année, le premier étudiant qui a pris médecine gé était classé 34e! L'an dernier, il était 91e.»
Le possible accès à un diplôme complémentaire (Desc) et la perspective de pouvoir faire de la recherche avec la mise en place de la filière universitaire changent quelque peu la donne. «On attend beaucoup du stage obligatoire en médecine générale pendant le 2ecycle», ajoute Jean Wolfarth. Cette année, du fait du nombre important de redoublements (500), plus de 500 postes de la discipline devraient rester vacants à l'issue de l'amphithéâtre de garnison (« le Quotidien » du 17 septembre). Matthieu, étudiant à Toulouse, dit avoir beaucoup bossé pour décrocher 1 des 81 postes de médecine générale dans la ville rose. Il reconnaît toutefois que, aux ECN, «tout le monde se bat pour avoir une spécialité médicale et travailler moins pour gagner plus». Comme tous les ans, les spécialités médicales ont été très prisées par les étudiants. Le dernier poste de la filière, aux Antilles, a été choisi avant la 3 000e place quand il restait encore plus de 2 000 postes de médecine générale disponibles. L'anesthésie, la pédiatrie et la chirurgie ont une nouvelle fois été choisies en bonne place, tandis que la psychiatrie, la santé publique, la médecine du travail et la médecine générale peinent à trouver preneurs. Ce matin, les étudiants n'ont plus beaucoup de choix ; il leur reste 45 postes de médecine du travail, 45 de santé publique, 117 de psychiatrie et 1 840 de médecine générale.
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