L'armée américaine a mené dans le plus grand secret une cinquantaine d'essais biologiques et chimiques durant les années 1960 et 1970, a admis officiellement le Pentagone. Trois ans d'enquête ont été nécessaires pour retrouver les détails de ces programmes baptisés Projet 112 et Projet SHAD, tous deux menés dans le plus grand secret à l'initiative du secrétaire à la Défense de l'époque, Robert McNamara.
On apprend ainsi, quelque quarante ans après, que l'état-major interarmes testait la bactérie Bacillus globigii en juin 1962 en aspergeant de ses aérosols un navire qui mouillait au large de l'île de Oahu (archipel de Hawaii). De décembre de la même année à février 1963, des bombes, roquettes et mines remplies de sarin et de VX, deux puissants neurotoxiques, explosaient à Fort Greely (Alaska) pour que soient étudiées leurs réactions à des températures négatives, c'est-à-dire semblables à celles enregistrées dans de nombreuses régions de l'ex-Union soviétique.
Pour évaluer les capacités mortelles de ces produits ainsi que d'autres neurotoxiques (tabun et soman), des pulvérisations étaient encore effectuées à plusieurs reprises en 1967 et 1968 sur des terrains boisés et dans une plaine ouverte, sur des sites militaires à Porton Down (Grande-Bretagne) et Ralston (Canada). Des épandages massifs de la bactérie E. coli étaient effectués entre janvier et mars 1968 sur l'île de Hawaii.
L'enquête du Pentagone était destinée à déterminer combien de personnes avaient pu être exposées aux substances nocives à l'occasion de ces différents tests, afin, selon le mot du secrétaire adjoint à la Défense, William Winkenwerder, de procurer à ces anciens « quelque tranquillité d'esprit bien méritée ». Au total, 5 842 militaires américains auraient été impliqués dans ces programmes.
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