BREST, l'une des facultés les plus actives depuis le début du mouvement d'opposition à la convention en janvier. Au plus fort de la contestation, des actions étaient organisées tous les mercredis, mobilisant chaque semaine une trentaine d'internes. Une manifestation a même eu lieu à Lopérec, petite commune du Finistère. « C'est la seule commune rurale du département où il y a eu une création de cabinet médical au cours de l'année, grâce au volontarisme du maire, souligne Jean-Baptiste Hugot, de l'association des internes brestois. Une jeune médecin qui avait fini sa médecine à Brest depuis un an s'y est installée. Le symbole est fort alors que les résidents sont très minoritaires à avoir ce type de projet. »
Dans une promotion de 38 étudiants, un rapide sondage a montré que 22 d'entre eux savent déjà qu'ils ne s'installeront pas une fois leur diplôme en poche. Benjamin Lefebvre, Jean-Baptiste Hugot et Catherine Leveau, trésorière de l'Association des internes de médecine générale de Brest, ne sont pas de ceux-là. Ce qui explique probablement leur activisme depuis trois mois. Tous les trois parlent de l'importance de la relation profondément humaine avec les patients. Catherine évoque « la plus grande proximité avec le public, en même temps que l'aspect social du métier ». Pour Jean-Baptiste, la médecine générale correspond simplement à « l'image qu'il a de la médecine» et qu'il « n'a pas retrouvée » ensuite pendant ses stages. Benjamin dit « ne pas concevoir que l'on puisse être médecin et ne plus savoir ce qu'est une angine, un infarctus... Mon attirance pour la médecine générale vient sûrement de la fascination que j'avais pour mon médecin ».
Rude combat.
Comment les trois Brestois expliquent-ils le complet décalage entre leur vocation et le refus de la majorité des étudiants de s'orienter vers cette discipline, qu'illustre la récente manifestation des externes contre les 50 % de postes d'internat attribués à la médecine générale ? « Pendant six ans, on ne sait pas ce qu'est la médecine générale. Et puis il y a un problème d'attractivité, comme le montre la grève des externes », analyse Benjamin. Catherine fait le même constat : « On n'a qu'une vision hospitalière de la médecine et on nous pousse à faire une spécialité. » Cette discrimination pourrait, selon Jean-Baptiste, être réduite avec la création du diplôme d'enseignement spécialisé (DES) de médecine générale. « Passer le concours même quand on se destine à la médecine générale peut signifier plus d'égalité, puisque la discipline devient une spécialité, estime l'interne . Mais attention au travers qui consisterait à inciter les bien classés à se diriger vers les autres spécialités. »
Pour ces jeunes médecins, le combat semble bien rude entre une convention qui serait, selon Benjamin, « un nouvel obstacle à l'installation en milieu rural » des généralistes et une qualité de vie bien différente selon que l'on est, comme l'explique Jean-Baptiste, « un spécialiste qui arrête à heure fixe ou un généraliste qui a obligation de recevoir une personne qui débarque au cabinet ». Pourtant, ils sont prêts à continuer de batailler pour obtenir autre chose que « la reconnaissance du curé ».
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