JAZZ/ROCK
Le hasard fait souvent bien les choses. Deux personnalités légendaires de la batterie contemporaine -- Roy Haynes et Max Roach - viennent de publier chacun un album enregistré à quelques mois d'intervalle dans le même studio new-yorkais en 2002 !
Roy Haynes, 77 ans (1), est souvent considéré comme l'héritier en première ligne des pionniers de la batterie bop qu'ont été, outre Max Roach, Kenny Clarke et Art Blakey. En plus de cinquante ans de carrière, Roy Haynes a prêté ses baguettes et ses tambours à la quasi-totalité de la planète jazz, et nombre d'instrumentistes et de vocalistes - il est resté cinq ans avec la chanteuse Sarah Vaughan - ont su apprécier sa sonorité mate et contrastée, son drumming parfois sec et son élégance feutrée. A l'image d'Art Blakey et des Jazz Messengers ou d'Elvin Jones et de la Jazz Machine, Roy Haynes s'entoure aujourd'hui des meilleurs musiciens des nouvelles générations ou sert de découvreur de talents. Pour son dernier opus, « Love Letters » (Columbia/Sony Music), il a fait appel à un « casting » vertigineux - Joshua Redman (saxophones), John Scofield (guitare), Kenny Barron ou David Kikoski (piano), Dave Holland ou Christian McBride (basse) -, pour réaliser un disque dans lequel se mêlent standards et tubes, et où il démontre toute la souplesse et la finesse d'un jeu d'une rare subtilité.
, désormais âgé de 78 ans, a été l'inventeur d'un drumming polyrythmique qui a fait sa réputation et surtout qui lui a permis d'approcher tous les grands maîtres du jazz moderne, dont il a été un des principaux acteurs. Engagé par Dizzy Gillespie en 1944, il a rapidement trouvé sa place dans le mouvement bop, dont il reste une des rares figures historiques encore vivantes. Accompagnateur, mais aussi soliste étourdissant à la technique étonnante, il n'a jamais cessé d'évoluer et de faire évoluer les percussions dans le jazz. Jazzman, certes, il a aussi été un musicien engagé politiquement, notamment avec sa femme, la chanteuse Abbey Lincoln. Aujourd'hui, l'homme est toujours bien présent, à l'exemple de son dernier CD, « Friendship » (Columbia/Sony Music), enregistré avec une autre légende du jazz, le trop rare trompettiste Clark Terry, 82 ans. Là encore, un album fait de standards - « I Remember Clifford » ou « For Dancers Only » - et de compositions originales, au service d'une intense et émotionnelle complicité entre deux géants du jazz. Max Roach fait également l'objet de nombreuses rééditions parmi lesquelles « Members, Don't Git Weary » (Atlantic/Warner Jazz), enregistré en 1969, fait uniquement de compositions originales des membres de la formation d'alors, par exemple, le saxophoniste Gary Bartz.
L'autre héros immmortel de la révolution dans la batterie jazz reste
Art Blakey. Trop tôt disparu, le petit génie des tambours est, de temps en temps, redécouvert à travers des rééditions, comme cette rencontre avec le pianiste Thelonious Monk en 1958, « Art Blakey's Jazz Messengers with Thelonious Monk » (Atlantic/Warner Jazz). Trois titres inédits figurent en bonus d'un album somptueux, fait quasi-uniquement de compositions du pianiste, à l'exception d'un titre dû à la plume de Johnny Griffin (saxophone). Pour l'histoire.
Les femmes dans la batterie ne sont pas légion. La jeune
Cindy Blackmanfait partie de ces rares « batteuses » (« battrices ? »), qui opèrent derrière leurs caisses. La réédition de « Trio + Two » (Free Lance), datant de 1990, offre la possibilité de retrouver l'instrumentiste dans une configuration originale, accompagnée notamment par Santi Debriano (basse), Dave Fiuczynski (guitare) et Greg Osby (saxophone alto), pour une approche très personnelle d'un jazz vivant, évolutif et créatif.
(1) Paris, Sunside (01.40.26.21.25), 25 et 26 octobre. Deux concerts : 20 h et 22 h.
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