LES TROUBLES musculo-squelettiques (TMS) sont en France la première cause de maladies professionnelles, près des trois quarts de celles que reconnaît la Sécurité sociale. Compte tenu de leur forte progression depuis dix ans – environ 20 % par an –, le réseau Prévention de la branche Atmp (Accident du travail-Maladie professionnelle) s'est impliqué dans des actions de prévention des TMS : recherche, élaboration de méthodologies et d'outils, expérimentations, formations, conseils. Leur réduction est désormais un enjeu social et économique. Sources de souffrance et de déficits fonctionnels pour les salariés, les TMS coûtent cher à la collectivité et aux entreprises. Dans certains cas, ils peuvent conduire à un handicap partiel, avec toutes les conséquences que cela implique pour le salarié comme pour l'entreprise. En 2005, les 31 000 TMS indemnisés ont entraîné la perte de 6,5 millions de journées de travail et 650 millions de frais couverts par les cotisations des entreprises.
Presque toutes les professions et tous les secteurs d'activité sont concernés. Mais les plus touchés restent les entreprises du secteur agroalimentaire, du bâtiment et des travaux publics. Malgré l'automatisation croissante, certaines tâches qui exigent des gestes répétés sous forte contrainte de temps sont encore très répandues : elles ont même tendance à se développer dans certains nouveaux secteurs d'activité.
Un colloque.
Pour sensibiliser aux TMS et mieux les faire connaître, la Cnamts lance pour la première fois une Semaine de prévention des TMS. Du 26 au 31 mars, les entreprises sont invitées à s'engager. Un colloque national donnera aujourd'hui le coup d'envoi de l'opération (de 14 h 30 à 18 heures à l'Elysées Biarritz, Paris 8e). Des entreprises viendront témoigner d'actions réussies qu'elles ont menées pour réduire le risque de TMS. Des événements régionaux organisés par les Cram (caisses régionales d'assurance-maladie) et les Cgss (caisses générales de la Sécurité sociale) sont également prévus dans toute la France : réunions d'information, débats, points presse, forums sur Internet…
La constitution et la publication d'une base documentaire de démarches de prévention doivent permettre d'identifier les bonnes pratiques. Un exemple : dans une entreprise de fabrication de bottes, seize déclarations de maladies professionnelles sont enregistrées en trois ans. Une réflexion sur les TMS est alors engagée, qui met en cause la posture traditionnelle du bottier qui est disséquée à l'aide d'un Caméscope et d'une description minutieuse des mouvements successifs effectués par le bottier. Assis sur un simple tabouret, il doit maintenir la forme de la botte à l'aide de son corps, notamment avec ses cuisses, ce qui finit par provoquer des traumatismes dans le dos et les épaules. Pour le soulager, de nouveaux outils sont conçus – mise en place de « manipulateurs » chargés de tenir la forme à sa place. Il n'a plus qu'à actionner des pédales dans un environnement plus en adéquation avec son action. Les travailleurs les plus anciens ont eu du mal à changer des habitudes vieilles de vingt-cinq ans. Pour l'entreprise de 60 salariés, dont 20 postes exposés au TMS, «il y allait de sa survie». L'aide et les conseils de la Cram ont permis d'installer la démarche dans la durée, ce qui a aidé à vaincre les réticences.
Pour être efficace, la démarche de prévention doit non seulement s'inscrire dans la durée, mais être globale, pluridisciplinaire et participative. «Le médecin du travail a une place stratégique, puisqu'il est le premier informé des souffrances des salariés et de l'apparition de pathologies», explique la Cnamts. Son rôle est essentiel dans la prévention et il doit être impliqué dans la démarche de prévention.
Informations : www.risquesprofessionnels.ameli.fr.
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