LA MISE EN PLACE de la filière universitaire de médecine générale est semée d'embûches. Depuis la création en 2004 du diplôme d'études spécialisées (DES), les défenseurs de la discipline souhaitent disposer pour leur discipline des mêmes moyens que les autres spécialités. Depuis sa création, voilà deux ans, le Syndicat national des enseignants de médecine générale (SNEMG) ne cesse d'en faire la demande au gouvernement. Il a une nouvelle fois écrit aux ministres de la Santé et de l'Enseignement supérieur pour leur réclamer la titularisation d'un enseignant et la nomination de un ou deux enseignants associés à mi-temps par faculté et par an pendant trois à quatre ans. Le syndicat veut «que ces mesures soient annoncées et entrent en vigueur immédiatement pour les enseignants associés et dès le début de l'année 2009 pour les titulaires». Les facultés de médecine comptent aujourd'hui 130 enseignants associés à mi-temps, contre 5 500 universitaires à plein-temps pour les autres disciplines. Le gouvernement a pris plusieurs dispositions ces dernières semaines pour accélérer la mise en place de la filière universitaire de médecine générale. Roselyne Bachelot et Valérie Pécresse ont écrit aux doyens de médecine, aux directeurs généraux et présidents de CME de CHU pour leur demander de définir les modalités de sélection des postes de chef de clinique de médecine générale et leurs missions, déterminer un nombre d'enseignants nécessaires pour chaque UFR et définir leur rôle, ouvrir un plan de recrutement pour les cinq prochaines années dans la perspective d'une sous-section de médecine générale au Conseil national des universités (CNU). «Il serait souhaitable qu'un premier contingent de vingt chefs de clinique puisse être débloqué dès cette année et que l'objectif de 200 personnels universitaires soit atteint d'ici à cinq ans au rythme minimal d'un emploi universitaire par an et par UFR, cet emploi devant concerner prioritairement les chefs de clinique», ont écrit les ministres (« le Quotidien » du 17 juillet 2008).
Quelques titularisations en 2009.
Malgré ces intentions louables, le compte n'y est pas pour le SNEMG. «Nous attendons plusieurs textes de loi, dont un décret qui doit préciser la “part soins” des enseignants et chefs de clinique, explique le Dr Sébastien Leruste, vice-président du SNEMG. Les titularisations ne pourront être effectives que si l'on a ce décret.» Selon nos informations, ce texte serait en phase d'écriture au ministère de la Santé.
Pour le Dr Leruste, le blocage est essentiellement «technique». «Les ministères ont la volonté de mettre en place la filière, les doyens ont pris conscience de l'importance de l'enjeu, souligne-t-il . En pratique, la difficulté est de redéployer des postes de spécialité pour les chefs de clinique de médecine générale, dans un contexte où il n'y a pas de création de postes dans la fonction publique.»
Le Pr Christian Thuillez, président de la Conférence des doyens, a mis en place une commission dédiée à la filière de médecine générale qui s'est déjà réunie deux fois avec des représentants du Collège national des généralistes enseignants (CNGE), des internes (ISNAR-IMG), des ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur et des doyens. «Je souhaite que les premières titularisations d'enseignants interviennent d'ici au début de l'année prochaine, dit-il . On peut espérer qu'il y ait au début au moins une titularisation par interrégion.»
Selon le ministère de l'Enseignement supérieur, un arrêté créant une commission d'intégration des postes d'enseignant associé est à la signature. Cette commission intégrera deux enseignants associés de médecine générale. «Nous pouvons espérer y voir plus clair d'ici à la fin de l'année et procéder à quelques titularisations en 2009», indique-t-on dans l'entourage de Valérie Pécresse. Quelques ? «Il n'y aura pas d'afflux dès la première année, poursuit cette source. La montée en charge sera progressive [...] En 2009, cela devrait osciller entre zéro et six ou sept titularisations.» Le ministère de l'Enseignement supérieur semble davantage miser sur le «vivier de jeunes qui auront suivi l'internat et le clinicat avant de devenir professeur».
17 candidats aux postes de chef de clinique
Selon l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG), 17 internes se sont portés candidats à un poste de chef de clinique. L'annonce tardive par Roselyne Bachelot de l'ouverture d'un poste de chef de clinique de médecine générale par faculté n'a pas permis de trouver des personnes intéressées dans toutes les facultés. «À un mois de la prise de fonctions, des candidats se sont tournés vers d'autres projets professionnels», souligne Bérengère Crochemore, présidente de l'ISNAR-IMG. L'absence de statut des internes et le montage financier périlleux – un contrat sera signé avec les URCAM pour rémunérer l'activité de soins des chefs de clinique – expliquent également ce manque d'enthousiasme. À l'heure actuelle, dix postes sont sûrs d'être ouverts à Rennes, Nancy, Clermont-Ferrand, Rennes, Saint-Étienne, Strasbourg, Toulouse, Tours (1) et Paris (2). Trois candidats sont dans l'expectative à Grenoble, Limoges et Paris. Deux postes n'ont pas trouvé preneurs à Amiens et Bordeaux.
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