L’objectif majeur du dépistage visuel chez l’enfant est de rechercher une amblyopie, de reconnaître une amétropie associée ainsi que d’autres pathologies de l’enfant comme un strabisme (4 à 10 % de la population) ou plus rarement une cataracte, un glaucome congénital ou juvénile ou un rétinoblastome. Ce dépistage doit être réalisé au plus tard avant l’âge de 5 ou 6 ans, âge à partir duquel la maturation du système visuel est terminée et où une amblyopie ne sera plus curable. « Une amblyopie associée à un trouble réfractif est d’excellent pronostic si le trouble est corrigé avant l’âge de deux ans, rappelle le Pr Arnaud Sauer. L’idéal est de faire un premier dépistage entre 1 et 2 ans, puis un second vers 3 à 4 ans, ce qui est un vrai défi en pratique ».
S’il est en effet conseillé de consulter un ophtalmologiste vers un ou deux ans, cela est loin d’être la réalité, notamment en raison des délais d’attente pour les rendez-vous. Ceci a conduit à faire réaliser ce dépistage dans les crèches par les orthoptistes ou les pédiatres, selon leur niveau de formation, et par les médecins de PMI ou les généralistes. L’acuité visuelle peut être testée directement chez un enfant capable de parler, vers l’âge de 3 ans. Chez les plus jeunes, différents tests sont utilisés, comme l’occlusion alternée ou le comportement visuel, mais cela prend du temps et demande de l’expérience clinique.
Certains signes d’appel doivent faire évoquer un trouble visuel : troubles de la marche, chutes, strabisme intermittent, larmoiement, leucocorie…
De même, certains antécédents imposent un examen visuel par un ophtalmologiste, qu’ils soient familiaux (cataracte congénitale, myopie forte…) ou personnels (prématurité, embryofœtopathies…).
Deux décrets publiés récemment ont donné de nouvelles prérogatives aux opticiens (12 octobre 2016) et aux orthoptistes (5 décembre 2016), qui sont notamment habilités, dans certaines conditions, à réaliser le dépistage des amétropies. Le texte introduit la notion de protocole organisationnel afin de réduire les délais d’attente en cabinet d’ophtalmologie. Il s’agit bien sûr d’une avancée, sous réserve d’une formation adéquate des orthoptistes car une amétropie chez l’enfant peut parfois être le signe d’appel d’une pathologie plus sévère, comme une cataracte voire un glaucome congénital. « En l’absence de formation spécifique, il y a un risque de retard diagnostique », indique le Pr Sauer.
D’après un entretien avec le Pr Arnaud Sauer, hôpitaux universitaires de Strasbourg
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