Dans ce document, intitulé « La situation des enfants dans le monde en 2002 : prendre l'initiative », Carol Bellamy, directrice générale de l'UNICEF, est formelle : « Les enfants ont été trahis. » La vie d'Ayodele, petite Africaine née alors que s'ouvrait le premier sommet mondial des enfants en 1990, « est largement identique à ce qu'elle était pour une fillette de 10 ans » de l'époque, affirme-t-elle ; à savoir, pas d'eau courante et pas d'école, puisqu'elle travaille aux champs et s'occupe de ses petits frères et sœurs, dont deux sont morts avant l'âge de 5 ans.
La réduction du taux de mortalité des moins de 5 ans n'a été que de 14 %, au lieu des 33 % annoncés en 1990. Elle a permis de sauver 3 millions de vies par an, mais avec des disparités énormes : 172 décès pour 1 000 naissances en Afrique, contre 6 dans les pays riches, la moyenne mondiale étant de 81. La mortalité maternelle au cours d'une grossesse ou d'un accouchement, qui devait baisser de moitié, stagne à 515 000 décès par an. Une femme sur 16 encourt ce risque dans les 49 pays les moins avancés, 1 sur 61, dans les 161 pays en développement, et 1 sur 4 085 dans les régions industrialisées. Il en va de même pour les autres engagements décennaux : à peine quelques points gagnés pour la malnutrition chez les plus petits, l'accès à l'eau potable, à l'hygiène et à l'éducation, et la protection de l'enfance en danger.
Pour ce qui est des avancées sociales programmées, c'est encore la Berezina. Les autorités des pays en développement s'étaient engagés en 1995 à affecter 20 % de leur budget aux services sociaux de base, telles que la santé et l'éducation ; or ils n'en ont investi que de 12 à 14 %, car ils devaient rembourser de lourdes dettes aux institutions financières internationales.
Avec les pays riches, l'UNICEF se montre encore plus sévère. Seulement cinq pays de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) respectent l'objectif de 0,7 % du PNB consacré aux régions pauvres. Les autres membres de l'OCDE se situent en dessous de 0,4 %, et les Etats-Unis se contentent de 0,1 % au bas du tableau. Malgré tout, l'UNICEF espère encore « changer le monde avec les enfants », grâce à la mise en œuvre effective de la Convention internationale sur les droits des enfants de 1989, ratifiée par tous les Etats membres de l'ONU, à l'exception de Washington et de Mogadiscio.
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