LES ENFANTS sont les premières victimes des pollutions environnementales, qu'elles concernent l'eau, l'air ou les déchets. Plus de 20 % des maladies sont liées à l'environnement, selon l'OMS, et 90 % des décès dus à ces pathologies touchent des enfants en bas âge.
« Le lien entre la pollution, en particulier atmosphérique, et la santé de l'enfant est un chapitre en plein développement et une réalité que plus personne ne peut contester aujourd'hui », a noté le Pr Alain Grimfeld (pédiatre, Paris) à l'occasion d'un symposium pendant le congrès Pédiatrie 2005. Les « maladies des eaux sales » tuent 1,5 million d'enfants de moins de 5 ans dans le monde et elles sont en cause dans 5,3 % des décès des enfants de moins de 15 ans en Europe. De plus, 6,4 % des décès des enfants de moins de 4 ans en Europe seraient liés à la pollution atmosphérique, en particulier celle entraînée par la circulation automobile. La pollution due aux déchets touche surtout les pays du Sud. L'exemple le plus dramatique est celui du Caire, en 1979, où le taux de mortalité des enfants vivant sur et autour des décharges sauvages a grimpé jusqu'à 240 pour mille.
Un constat préoccupant.
« Ce constat est particulièrement préoccupant pour l'avenir à cause de la croissance démographique et de l'urbanisation galopante qui touche surtout des zones périurbaines avec peu d'infrastructures », analyse Bruno de Buzonnière, directeur santé de Veolia Environnement, entreprise spécialisée dans le retraitement des déchets.
Les diarrhées et les affections broncho-pulmonaires concernent 60 % de ces pathologies. « La prévalence de l'asthme et de l'allergie a doublé en vingt ans en Europe, souligne le Pr Grimfeld. Il ne peut donc pas s'agir de mutations génétiques sur une période aussi courte. C'est pourquoi les analyses des données les plus récentes conduisent à incriminer de plus en plus la pollution atmosphérique parmi les facteurs de risque de maladies respiratoires chez l'enfant. » Les pollutions à responsabilité dominante sont l'ozone, les particules fines, le plomb, le dioxyde de soufre, le monoxyde de carbone et l'oxyde d'azote émis par des sources fixes (industries et foyers domestiques) et des sources mobiles (trafic automobile). La voie prépondérante de contamination est la voie inhalée, sauf pour les dioxines qui transitent par la chaîne alimentaire. Or l'enfant est une personne plus vulnérable : la construction du capital respiratoire d'un individu a lieu avant l'âge de trois ans. Les effets néfastes ne concernent pas seulement l'appareil respiratoire, mais également les systèmes cardio-vasculaire, neuro-développemental et immunitaire. « De nouvelles industries issues des nanotechnologies produisent des nouveaux polluants, en particulier des nanoparticules », souligne le Pr Grimfeld. Au point que le Comité consultatif national d'éthique a été saisi de ces questions.
S'il n'existe pas de marqueurs biologiques actuellement disponibles pour le diagnostic causal, les actions de prévention à l'échelle individuelle restent « la régulation des comportement physiques », les « traitements symptomatiques à visée respiratoire » et le « traitement de fond des asthmatiques ».
En ce qui concerne la pollution de l'eau, les pays du Sud qui dramatiquement touchés. « Plus de la moitié de la population mondiale ne dispose pas d'eau salubre à sa portée immédiate », rappelle le Pr André Moussavou, de Libreville, au Gabon. Dans ce pays, la diarrhée est la deuxième cause de mortalité des enfants, faute d'assainissement de l'eau suffisant.
* Pédiatrie 2005 est le congrès de la Société française de pédiatrie et de l'Association des pédiatres de langue française.
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