RODIN fait partie de ces immenses figures qui, non seulement illuminent leur époque, non seulement marquent une avancée décisive dans l’histoire de l’art en général et de la sculpture en particulier, mais ouvrent la voie à une postérité. C’est ainsi que le grand artiste, par ses audaces, sa fougue et ses inventions, a imprégné, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, les créations de nombreux plasticiens, qu’ils soient peintres, vidéastes, sculpteurs… L’exposition du musée Rodin confronte une centaine de sculptures de l’artiste à une trentaine d’œuvres de créateurs contemporains et met en lumière la manière dont ces derniers se sont approprié les travaux du maître. Ces dialogues sont soigneusement mis en scène, mais c’est également au visiteur, véritable « interprète actif », comme le dit Noëlle Chabert, commissaire de l’exposition, « de faire ses associations lui-même », en toute liberté.
Ainsi, les modelages en glaise de Rodin sont-ils confrontés à ceux de Giacometti, et ses sculptures d’assemblage mises en relation avec celles de Joan Miró et de Cy Twombly ou de Bruce Nauman. Ce dernier présente une pièce angoissante, réalisée à partir de plusieurs formes animales en mousse polyuréthane. « La Robe de chambre de Balzac » de Rodin fait face à « la Peau » de Joseph Beuys (célèbre œuvre du plasticien allemand, qui présente une couverture de feutre protégeant un piano à queue). Les œuvres lustrées et polies de Rodin conversent harmonieusement avec celles de Jan Arp. Leur commune poésie est faite de sensualité et de spontanéité.
Parfois, le rapport entre une création de Rodin et une œuvre contemporaine est plus intuitif, cérébral, comme dans la confrontation entre les figures incomplètes de Rodin, sans bras ou sans tête, et les photos de Sophie Ristelhueber, qui immortalise les traces de la guerre, ses cicatrices et ses symboles. La liste ne s’arrête pas là. Lucio Fontana, Jean Dubuffet, Marcel Broodthaers, Anthony Caro, Ugo Rondinone, Douglas Gordon, Urs Fischer et beaucoup d’autres se sont emparés de l’œuvre de Rodin et ont continûment puisé à la source de ce talent supérieur et novateur.
– À voir aussi : « Un regard sur Rodin », photos de Jean-Yves Cousseau, Fondation de Coubertin, jusqu’au 10 juillet
– À noter : À Meudon (Hauts-de-Seine), la Villa des Brillants, plus connue sous le nom de musée Rodin, vient de rouvrir ses portes (après une fermeture hivernale annuelle). Ancienne demeure de l’artiste, cet atelier-musée présente de nombreuses œuvres de Rodin et fait revivre l’âme du sculpteur (Tél. 01.41.14.35.00)
« L’invention de l’œuvre, Rodin et les ambassadeurs », musée Rodin, 79, rue de Varenne, 7e, tél. 01.44.18.61.10. Tlj sauf lundi, de 10 heures à 17 h 45. Jusqu’au 4 septembre. Catalogue, coédition Actes Sud/musée Rodin, 208 p., 39 euros
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