Pathologies exotiques déroutantes
Plus de huit millions de Français voyagent chaque année vers les pays tropicaux. Du fait de cet engouement croissant pour les destinations touristiques lointaines, le praticien est tout naturellement de plus en plus souvent confronté à des pathologies « exotiques » déroutantes. Parmi les divers motifs de consultation au retour de l'étranger, les dermatoses occupent une place majeure, aux côtés de la diarrhée, de la fièvre et des infections respiratoires. Ces dermatoses du voyageur correspondent dans un cas sur deux à une pathologie tropicale d'importation, au premier rang desquelles figure la larva migrans cutanée.
Pénétration transcutanée de larves
La larva migrans cutanée, dont la description princeps remonte à Lee, en 1872, sous le nom de « creeping disease », connue aussi sous d'autres appellations plus ou moins imagées ( larbish, dermatite vermineuse rampante, pseudomyase rampante, ver chien), constitue un syndrome clinique, résultant de la pénétration transcutanée de larves de parasites animaux et à leur migration dans le derme.
Ankylostomes de chat ou de chien.
Le plus souvent, il s'agit de larves d'ankylostomes de chat ou de chien (Ankylostoma brasiliense, Ankylostoma ceylanicum...) et la contamination se fait par contact direct de la peau avec un sol souillé par des déjections animales. Toutes les zones tropicales chaudes et humides sont concernées : Amérique intertropicale, Antilles, Afrique noire, Australie, Sud-Est asiatique... Cependant, quelques rares cas européens ont également été décrits en période estivale.
Sillons mobiles, migrateurs
Le tableau clinique typique de la larva migrans cutanée ankylostomienne associe, après une période d'incubation moyenne de 15 jours, des lésions papuleuses, parfois vésiculeuses et des sillons serpigineux en nombre variable (un seul à plusieurs dizaines). Le siège habituel est celui de l'inoculation, pieds, mains, fesses. Le prurit est constant, dont il peut résulter une impétiginisation. Enfin, et c'est là la clé sémiologique, les sillons sont mobiles, migrateurs, progressant de quelques mm à 1 ou 2 cm par jour.
Diagnostic clinique
Le diagnostic est essentiellement clinique. La biologie sanguine est peu contributive, retrouvant une hyperéosinophilie inconstante. Quant à la biopsie cutanée du sillon, elle reste aspécifique, révélant une simple inflammation dermique superficielle, sans parasites visibles (la larve en effet est « en avance » de quelques millimètres sur l'extrémité distale du sillon).
Evolution favorable
L'évolution de la larva migrans cutanée ankylostomienne est constamment favorable dans un délai variable de deux à huit semaines, par mort spontanée in situ de la larve, en impasse parasitaire chez l'homme. L'attitude actuelle est cependant plutôt celle d'un traitement radical « minute » par ivermectine. En prévention, on ne saurait que rappeler les conseils tout théoriques de ne pas marcher pieds nus sur les plages et de ne pas s'y allonger à même le sable...
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