BRIGITTE BARDOT, Jane Fonda, Mick Jagger, Judy Garland, Man Ray, Keith Haring, Leo Castelli, Willy Brandt, Yves Saint-Laurent, la princesse de Monaco… : presque tout ce que la vie culturelle des sixties et des seventies comptait de célébrités est passé devant l’objectif de Warhol, mais également des dizaines d’anonymes, d’amis, de proches qui avaient connu leur fameux « quart d’heure de célébrité » dont parlait l’artiste.
Le portrait fut en effet un genre dans lequel Warhol excella, et qu’il renouvela, bousculant la grande tradition de l’histoire de l’art. Sa technique, sérielle et industrielle, n’appartient qu’à lui : dans la célèbre Factory, l’atelier mythique qu’il ouvrit à New York en 1963, Warhol photographiait ses sujets, à l’aide d’un polaroïd, puis retravaillait l’image, et la sérigraphiait sur une toile peinte. Le résultat a été vu des dizaines de fois sur des reproductions, dans des catalogues ou dans l’imagerie populaire : des toiles contrastées, aux contours très délimités, aux couleurs acidulées et électriques.
L’exposition nous offre une formidable galerie de visages, de figures, de personnalités, depuis le premier portrait de commande, Ethel Scull 36 Times, pour lequel Warhol utilise des photomatons, jusqu’aux célébrissimes déclinaisons de Marilyn Monroe - quasiment « sacralisée » -, en passant par les toiles de 1973 représentant Mao, par la série des travestis, par les dix portraits de juifs du XX e siècle qui offrent un panthéon de la culture juive moderne, ou encore par les autoportraits où Warhol se grime et se met en scène avec humour.
Références à l’art de la Renaissance, à la peinture abstraite américaine, à l’iconographie sacrée : il y a dans ces portraits warholiens un intéressant brassage d’influences, de sources, de parallèles. Il y a également une bonne dose de provocation, de subversion et de frivolité, à l’image de l’uvre tout entière de Warhol, une uvre souvent vaine, artificielle et superficielle, et revendiquée comme telle, mais qui contribua à changer le cours de l’histoire de l’art de ces quarante dernières années. Futile parfois, mais savoureuse et plaisante à regarder.
Grand Palais, tlj sauf mardi, de 10 à 22 heures (jeudi jusqu’à 20 heures). Entrée : 11 euros. Jusqu’au 13 juillet.
À voir aussi : l’exposition « Warhol TV » à la Maison rouge (Paris 12 e, jusqu’au 3 mai), qui dresse un portrait de l’artiste à travers sa production télévisuelle
À lire : Catalogue de l’exposition (368 p., 45 euros, éd. RMN) ; « Warhol à son image », d’Alain Cueff (240 p., 23 euros, Flammarion) ; « Andy Warhol, Ma philosophie de A à B et vice versa » (217 p., 18 euros, éd. Flammarion) ; « Andy Warhol, Popisme », par Pat Hackett (375 p., 25 euros, Flammarion) ; « Ras le bol Warhol et Cie ! Contre la pauvreté des images », de Gérard Durozoi (124 p., 15 euros, Hazan).
À regarder : DVD Warhol (coffret 2 DVD), un film de Jean-Michel Vecchiet, 24 euros, coédition RMN - FTD (France Télévisions Distribution)
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